Dans son émission « Personnages en personne » sur France Culture, Charles Dantzig est revenu avec Vincent Amiel (essayiste critique à Positif), sur le personnage d’Antoine Doinel, alter ego de François Truffaut à partir duquel le cinéaste a fait cinq films.
Tout démarre en 1959. La sortie des 400 coups, premier long-métrage du jeune critique de cinéma qu’était François Truffaut, signe les débuts de la Nouvelle Vague et marque par la même occasion le début d’une saga s’étendant sur vingt ans, du court-métrage Antoine et Colette (1962) à L’Amour en fuite (1979).Les 400 coups, c’est également la révélation d’un acteur, Jean-Pierre Léaud, alors âgé de quatorze ans, qui deviendra par la suite l’acteur fétiche de Truffaut – ils collaboreront ensemble à six reprises (la saga Doinel et La Nuit Américaine).
Peu à peu, Jean-Pierre Léaud va incarner à travers Doinel une projection fantasmée de Truffaut, son alter ego qu’il va suivre dans l’évolution de son parcours amoureux, de sa rencontre avec Christine (Claude Jade) dans Baisers volés (1968), à son mariage avec elle dans Domicile conjugal (1970) puis à son divorce dans L’Amour en fuite (1979). En construisant un récit fleuve, Truffaut a d’une certaine manière renoué avec une tradition littéraire héritée de Balzac et Zola pour construire une saga de l’intime qui nous bouleverse toujours autant. Mais, au final, de qui Doinel est-il le plus proche, de Truffaut ou de Léaud ? Finalement, à la fin, le personnage a-t-il pris son indépendance par rapport aux deux hommes ?
Partant de l’idée qu’un « créateur s’éloigne de son personnage » Dantzig et Amiel vont analyser ce personnage, pour mettre en perspective sa dimension tout à la fois autobiographique et fantaisiste. Après avoir écouté le podcast, on peut toujours revoir la première rencontre entre Truffaut ou Léaud, où ce dernier, pas mal gouailleur, passe le casting pour le rôle de Doinel.
Image: Copyright Les Films du Carrosse