Sensuel et malicieux, ce court-métrage peu connu de la grande Agnès Varda est à voir, à revoir, à re-re-voir sans modération.
Mise à jour le 23 /04/ 2020. Ce film n’est désormais plus accessible. Découvrez les films offerts sur mk2 Curiosity en cliquant ici
Ispahan, en Iran, à la fin des années 1970. Deux amoureux s’échangent en voix-off des mots doux, puis charnels, dans des décors orientaux sublimes, ronds et voluptueux. Elle est Française, lui est Iranien. Elle est rousse, lui très brun. Un point de départ très simple, comme souvent chez la géniale et regrettée Agnès Varda, qui prend ici un malin plaisir à confectionner à partir de cette matière des images d’une sensualité désarmante. Dans ce court-métrage, elle imbrique les silhouettes aux objets environnants, s’intéresse à « la délicieuse harmonie entre nature et architecture, entre corps et décors » (nous dit la narratrice en voix-off), créé des correspondances entre les « bulbes » et les « dômes en forme de seins de femme », et filme les murs en mosaïque de haut en bas – un peu comme si elle observait avec douceur et attention un corps nu.
Mais ces savants effets de mise en scène servent surtout à élaborer un puissant hymne à la liberté des femmes. Ici, c’est elle qui parle crûment, ouvertement de ses désirs, et lui qui se laisse pudiquement porté par ces paroles. À noter que ce court-métrage, qui peut être vu indépendamment, a été tourné pour le long-métrage L’une chante, l’autre pas, qu’on vous conseille vivement, ne serait-ce que pour découvrir davantage le savoureux personnage de Pomme (l’héroïne de ce court-métrage, incarnée par Valérie Mairesse), militante qui n’hésite pas à mobiliser son corps à travers le spectacle vivant pour défendre les causes féministes.