In
Fabric de Peter Strickland met en scène, dans une boutique de prêt-à-porter,
une robe rouge maudite qui provoque drames et cauchemars chez ceux qui la
portent. Entre la passion et le sang, retour sur quelques autres grands films
dans lesquels on voit rouge.
Peter Strickland, réalisateur de Berberian Sound Studio (2013), poursuit son exploration subtile des liens qui unissent le raffinement et la cruauté. Avec In Fabric, l’esthète héritier de Rainer Werner Fassbinder et de Dario Argento suit le parcours d’une robe écarlate hantée qui sème la mort d’un client à l’autre, dans un univers baroque et fantasmatique. Chaque plan est comme contaminé par la couleur, comme celui où l’héroïne Sheila, vêtue de rouge, contemple fascinée son reflet diffracté.
Influence manifeste de Strickland, le giallo italien a poussé à son
paroxysme la stylisation du rouge – et du sang – au cinéma. Le splendide
Six
femmes pour l’assassin de Mario
Bava (1964) n’est rien de moins qu’une symphonie de couleurs, comme
l’illustre ce plan : traquée par un assassin, une jeune femme vêtue d’une
robe aux motifs carmin apparaît prise au piège entre un mannequin et des
rideaux flamboyants, qui annoncent le sang qui bientôt s’écoulera de son
cadavre.
Mais le rouge peut aussi symboliser une enivrante pulsion de vie, et un désir ardent, comme dans la scène du coup de foudre de Phantom Thread de Paul Thomas Anderson (2018). Le styliste Reynold Woodcock attend pour commander son breakfast quand Alma, une jeune serveuse, s’avance vers lui et trébuche. Elle croise soudain son regard, et c’est tout son visage qui s’empourpre, conférant à l’instant une sensualité rare.
In Fabric de Peter Strickland, Tamasa (1 h 58), sortie le 20 novembre
Image : In Fabric Peter Strickland – Copyright Bankside Films