Dans Her Smell, Alex Ross Perry met en scène la fin d’un groupe, détruit par une leadeuse excessive et toxique jouée par Elisabeth Moss. Retour en images sur des rockeuses mélancoliques qui contemplent leur horizon.
La force de Her Smell, c’est sa construction très radicale en cinq scènes et autant de courts interludes vidéo qui enregistrent les dernières heures d’un girls band des années 1990. Dans son studio, Becky Something erre, usée par la drogue, la solitude et l’égoïsme, irritante jusqu’à l’insupportable pour son entourage et pour le spectateur. Le visage relevé, les yeux hagards, la chanteuse s’incarne dans un moment d’absence, avant de regarder enfin celle qui est là et qui l’attend, sa fille.
À la mort de sa mère, une jeune femme interviewée par une chaîne de télé locale livre sans détour sa vision nihiliste et sarcastique du futur dans l’excellent Ladies and Gentlemen. The Fabulous Stains de Lou Adler (1982). Corinne Burns devient malgré elle la voix d’une génération, et s’arme d’un micro pour fonder son propre groupe et prêcher une rébellion des femmes. Le jeune âge des actrices du film (Diane Lane a 17 ans, Laura Dern, qui joue la bassiste, en a 15) et l’aspect documentaire de celui-ci chargent d’une grande vérité émotionnelle ces moments de contemplation de l’avenir.
Le girls band formé par trois lycéennes japonaises et leur correspondante coréenne dans Linda Linda Linda de Yamashita Nobuhiro (2005) vient à peine de naître et il ne connaît encore ni la brutalité de la vie de tournée ni la désillusion de la séparation. Le cinéaste capte avec une tendresse inouïe cet îlot de liberté dans lequel se réfugient trois adolescentes jusqu’à la fin d’un été. L’actrice Bae Doona (muse de Bong Joon-ho et des sœurs Wachowski) prête son corps somnambule à ce personnage qui découvre en musique sa force et sa liberté.