Depuis plus de trente ans, Pat et Angie vivent ensemble dans leur spacieux appartement à Hong Kong. Avenantes avec leurs proches, elles les soutiennent en cas de besoin. Notamment le frère de Pat, sa femme et leurs deux enfants, désormais adultes. Mais le décès soudain de Pat vient fragiliser cet équilibre. Car cette dernière n’a pas fait de testament. Et la loi hongkongaise interdisant le mariage pour les couples du même sexe, elle et Angie n’ont jamais pu se marier. Alors, conformément à la législation en vigueur, c’est Shing, le frère de Pat, qui hérite des biens de la défunte, y compris de l’appartement conjugal dans lequel habite Angie.
Très vite, une question se pose : peut-elle continuer à y vivre ? Le patriarche, lui, tient à s’assurer que ce bien immobilier – très rare à Hong Kong, où les appartements sont souvent petits et chers – reste dans la famille… Dans un film feutré usant habilement d’ellipses pour resserrer son propos et déployer sa puissance dramatique, Ray Yeung (Un printemps à Hong Kong, 2021) interroge le sens des liens familiaux dans la société hongkongaise contemporaine, encore très ancrée dans les croyances religieuses et patriarcales chinoises. À cette lignée biologique, il oppose subtilement la famille queer choisie, véritable soutien pour Angie, qui doit assurer sa survie avant même de pouvoir faire le deuil de son grand amour.
Tout ira bien de Ray Yeung, sortie le 1er janvier, Nour Films (1 h 33)