The Milton Berle Show, Lie Detector : John Waters nous parle de ses shows TV préférés

Le pape du trash nous a parlé de ses trois shows préférés – on l’imagine les regarder dans sa jeunesse sur sa petite télé à Baltimore avant que ces shows parfois kitsch n’infusent ses films.


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The Milton Berle Show (1948-1956)

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Milton Berle, c’est un peu l’équivalent de Michel Drucker ou de Guy Lux à la télé américaine. L’animateur de Texaco Star Theater sur NBC, émission plus tard renommée le Milton Berle Show sur ABC, a été l’une des premières stars du petit écran, surnommé Mr. Television. Dans cette suite de sketchs et de variétés musicales dont Milton était le fil rouge, les Américains ont pu voir l’une des premières performances d’Elvis Presley, ou d’autres invités comme Jayne Mansfield. John Waters nous a cité ce show car « ils avaient Dagmar, la première présentatrice genre strip-teaseuse plantureuse que j’ai aimée ». Lui qui dans ses films a tant joué des protubérances troublant les genres a sûrement apprécié la manière mutine de l’actrice Jennie Lewis de détraquer le stéréotype de la dumb blonde girl.

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Lie Detector (1983)

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L’émission était animée par l’avocat pénaliste F. Lee Bailey (qui a entre autres défendu le meurtrier Sam Sheppard ou Albert DeSalvo, l’« étrangleur de Boston »). Des personnalités répondaient à des questions, puis on passait leurs déclarations au polygraphe – un détecteur de mensonges basé sur les réactions électrophysiologiques. John Waters a certainement été galvanisé par l’atmosphère d’interrogatoire, lui qui a assisté à beaucoup de procès. Et ce jeu de la vérité a peut-être aussi inspiré l’héroïne mytho de Sale menteuse, son premier roman (lire p. 18). Car, dans le genre mensonges gonflés, on a pu voir dans ce show un pompiste faire avaler que Howard Hughes lui avait légué toute sa fortune, ou le coiffeur de Ronald Reagan tenter de convaincre que celui-ci n’avait jamais fait de teinture.

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The Buddy Deane Show (1957-1964)

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« C’était une émission de danse diffusée sur une chaîne locale, je m’en suis inspiré pour Hairspray ! » nous a confié Waters. Dans son film sorti en 1988, peut-être son plus populaire, il suit les aventures de Tracy, jeune fille replète qui tente un concours de danse country et rock ’n’ roll pour ados, dans le contexte de la ségrégation raciale aux États-Unis. Le cinéaste s’est souvenu du racisme ambiant qui avait conduit la chaîne WJZ-TV à déprogrammer le Buddy Deane Show, car elle ne voulait pas y voir de danseurs noirs. L’animateur y jouait aussi de la musique dédaignée par les autres émissions de ce type, parce qu’elle sonnait « trop noire ». En hommage, Waters fera apparaître Buddy Deane, le temps d’un caméo, dans Hairspray, où il incarnera un journaliste qui interviewe un gouverneur assailli par des manifestations pour les droits civiques.

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