« The Fall » de Jonathan Glazer

En cinq minutes trente, le réalisateur d’Under the Skin, grand spécialiste de l’effroi et du malaise, orchestre une parabole glaçante sur les dérives totalitaires de notre temps. Dans la nuit bruyante, au milieu d’une forêt, un groupe d’individus masqués s’en prend à un homme, réfugié en haut d’un arbre. Il chute, et c’est le début


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En cinq minutes trente, le réalisateur d’Under the Skin, grand spécialiste de l’effroi et du malaise, orchestre une parabole glaçante sur les dérives totalitaires de notre temps.

Dans la nuit bruyante, au milieu d’une forêt, un groupe d’individus masqués s’en prend à un homme, réfugié en haut d’un arbre. Il chute, et c’est le début d’une descente aux enfers dont il vaut mieux ne rien dire, si ce n’est qu’elle prend la forme d’un cauchemar visuel dont seul Jonathan Glazer a le secret, à grands coups de visions elliptiques sidérantes, de saillies de lumière aveuglantes. 

Pour mieux comprendre le discours du film, sorte de fable sombre sur les pulsions de mort qui pousse les hommes à s’entretuer malgré le civisme apparent de notre société, il faut faire un petit état des lieux de ses sources d’inspiration. D’abord, Jonathan Glazer s’est inspiré d’une célèbre gravure de Francisco de Goya Le sommeil de la raison engendre des monstres -une œuvre sombre et cauchemardesque, dans laquelle le peintre se représente entouré de chauves-souris et de hiboux, symboles d’une société espagnole sombrant dans la folie. Les plans furtifs, presque mentaux du film, portés par la musique lancinante de Mica Levi (compositrice de la BO d’Under the Skin), place le récit dans une sorte de flou intemporel, entre primitivisme et modernité. 

Autre grande source d’inspiration de Jonathan Glazer pour The Fall : une photo d’Eric et Donald Trump Junior en train d’exhiber fièrement un léopard tué lors d’un safari en Afrique qui avait fait scandale en 2016. Comme l’a expliqué le réalisateur au Guardian, le film décrit clairement l’atmosphère délétère de notre époque et la mentalité du lynchage : « Il me semble que la peur est omniprésente, qu’elle pousse les gens à des comportements irrationnels. Une foule peut encourager toute abdication de la responsabilité personnelle. La montée du national-socialisme en Allemagne, par exemple, a été comme une fièvre qui s’emparait des gens. Cela peut encore se reproduire. »

Le film est à voir sur Mubi. 

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Image: « The Fall » Copyright BBC