Cinéastes et acteurs anglo-saxons continuent de s’indigner de la mort de George Floyd, Noir américain décédé le 25 mai dernier à Minneapolis après avoir été plaqué au sol sur le ventre par un policier blanc.
Les citoyens ne décolèrent pas depuis la diffusion massive sur les réseaux de vidéos montrant le plaquage au sol et le calvaire de George Floyd, il y a une dizaine de jours. L’onde de choc a aussi donné un nouvel élan à la lutte contre les violences policières en France : le collectif La Vérité pour Adama a rassemblé au moins vingt mille personnes en manifestation à Paris le 2 juin dernier à l’appel de sa porte-parole Assa Traoré, dont le frère, Adama Traoré, est décédé suite à une interpellation en 2016, dans le Val d’Oise, durant laquelle les policiers ont également utilisé une technique de plaquage ventral. Dans la veine du court métrage hommage de Spike Lee diffusé il y a quelques jours, le décès de George Floyd continue de susciter des réactions émues et indignées.
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Le même Spike Lee a d’ailleurs donné une interview au Los Angeles Times publiée hier dans laquelle il revient, au détour de propos sur son prochain film Da 5 Bloods, sur les liens entre son film acclamé Do The Right Thing et la toujours tragique actualité concernant les violences raciales. Au moment de la sortie du film, il avait reçu des critiques concernant la fin, qui ne donnerait pas de réponse assez précise face au racisme. « Et nous voilà dans l’Amérique d’aujourd’hui, l’Amérique sous la pandémie, avec des villes qui s’enflamment… s’inquiète-t-il. J’ai été parfaitement sidéré par ce qui est arrivé à Ahmaud Arbery, George Floyd et Breonna Taylor – je veux dire, on dirait que la chasse est ouverte. » Il qualifie d’ores et déjà l’année 2020 de « l’une des pires de tous les temps. Et nous ne sommes qu’en mai. »
Hier, c’est aussi le réalisateur britannique Steve McQueen (Shame, 12 Years a Slave) qui s’est exprimé dans la foulée de l’annonce des films labellisés « Sélection officielle » de Cannes 2020 par Thierry Frémaux. Apprenant que deux épisodes (Mangrove et Lovers Rock) de sa série anthologique Small Axe recevaient le label pour la sortie en salles, il s’est empressé de réagir en ces termes (relayés par Variety) : « Je dédie ces films à George Floyd et à toutes les autres personnes noires qui ont été assassinées, de manière visible ou non, à cause de ce qu’ils sont, aux États-Unis, au Royaume-Uni ou ailleurs. » Avant de conclure sur le proverbe africain puissant qui donne son titre à la série : « Si vous êtes le grand arbre, nous sommes la petite hache. Black Lives Matter. » La série sera diffusée sur BBC-One dans l’année, à une date encore inconnue.
À Londres, hier, s’est également tenu une grande manifestation anti-raciste pour justice soit rendue à George Floyd, durant laquelle John Boyega, acteur dans la dernière trilogie Star Wars, a tenu un discours passionné et enflammé. “Faisons savoir aux États-Unis d’Amérique, à nos frères et sœurs noirs que nous sommes avec eux !”, a-t-il crié au mégaphone devant la foule de manifestants à Hyde Park. “Je vous parle avec mon cœur. Je ne sais pas si je vais avoir une carrière après cela mais tant pis.”
Quant à David Lynch, il a rendu un hommage à sa manière à Floyd lors de son « Weather report » quotidien. Après sa description classique du temps qu’il fait à LA (en regardant par la fenêtre de son atelier), il s’est levé de sa chaise pour mieux rendre visible à la caméra, pendant presque une minute, un panneau « Black Lives Matter / Peace / Justice /No Fear »… tout en retournant à ses affaires de menuiserie (d’après le bruit de scie qu’on entend).
Image de couverture : Steve McQueen ©DR