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Spike Lee met en ligne le scénario d’un film suspendu sur Jackie Robinson
- Léa André-Sarreau
- 2020-03-30
Quand Spike Lee ne peut pas aller au cinéma, Spike Lee fait venir le cinéma à lui. Apparemment pas découragé par l’annonce du report du Festival de Cannes en mai, dont il doit présider le jury, le réalisateur a décidé de faire un cadeau plutôt original à ses fans pour les faire patienter – ni une masterclass comme David Fincher, ni une liste de ses comédies préférées comme Edgar Wright, mais le scénario de son prochain film consacré à la légende du baseball américain Jackie Robinson.
On rappelle que ce biopic est un peu à un part dans la carrière de Spike Lee. Sorte de projet maudit, que le réalisateur a commencé à en écrire le scénario en 1996 et a proposé le rôle principal à Denzel Washington qui refusa le rôle, estimant être trop vieux. La version mise en ligne via son compte Instagram, qui renvoie à un lien Dropbox de 159 pages, serait la dernière ébauche de cette histoire folle, inspirée de la propre autobiographie de cet athlète mythique (I Never Had It Made) qui a déjà été interprété par Chadwick Boseman en 2012 dans 42 de Brian Helgeland.
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« Bon après-midi de l’épicentre du Coronavirus aux États-Unis à New York », a écrit Spike Lee sur Instagram. « J’ai fouillé profondément dans la voûte de Da 40 Acres [société de production du réalisateur, ndlr} et j’ai tiré ce scénario d’un de mes projets EPIC Dream (Never Got Made) – Jackie Robinson. Il n’est pas nécessaire d’être un fan de base-ball pour en profiter. Ce scénario est une grande histoire américaine. Soyez prudents. Paix, lumière et amour. Et la vérité du « Brooklyn Dodger » de Dat, Ruth. YA-DIG ? SHO-NUFF. »
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Attention, ce biopic ne risque en rien d’être une énième fresque sportive à la gloire d’un symbole national, mais plutôt un récit de vie politique, qui à travers le prisme d’un destin individuel retrace les moeurs conservatrices de l’Amérique. Rappelons que dans son autobiographie I Never Had It Made, Jackie Robinson racontait dès 1972 ses difficultés, en tant qu’athlète noir, à se frayer une place dans le milieu sportif blanc et raciste. Un sujet taillé sur mesure pour ce réalisateur engagé. De Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, sur une héroïne Afro-américaine dont la sexualité émancipée lui permet de s’affirmer au monde, à BlacKkKlansman, farce satirique inspirée de l’histoire de Ron Stallworth qui devint au début des années 1970 le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, Spike Lee n’a cessé de faire le portrait de personnages marginaux, pour mettre en avant les minorités invisibilisées de la communauté Afro-américaine.