SCÈNE CULTE · « Pompoko » d’Isao Takahata (1994)

En 1967 est érigée la ville nouvelle de Tama, à l’ouest de Tokyo. Pour repousser ces humains qui détruisent leur habitat, les tanukis, des créatures surnaturelles semblables à des ratons laveurs, s’entraînent au « grand art », qui leur permet de changer de forme à volonté… Ode à la nature et leçon d’animation signée Isao Takahata, cofondateur du studio Ghibli, Pompoko est de retour en salles le 19 avril.


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LA SCÈNE

Appelés à la rescousse par les tanukis de Tama, trois grands sages lancent une grande opération ectoplasmes. L’objectif : « inspirer crainte et respect » chez les hommes pour les convaincre de préserver la forêt. Le spectacle débute par l’apparition d’un vieil homme juché sur un chien, qui fait pousser des fleurs sur les arbres morts de la ville. Les habitants sortent de chez eux, bouche bée. C’est le début d’un festival de visions de plus en plus délirantes.

0352344d 1c05 4f94 af1b 481b55f419e4 pompoko2QUEER GAZE · « Le Château ambulant » de Hayao Miyazaki (2005)

L’ANALYSE DE SCÈNE

Sous ses dehors enfantins, Pompoko est l’un des films les plus sophistiqués sortis du studio Ghibli. C’est aussi l’un des moins accessibles au public occidental, tirant ses innombrables références de l’histoire et du folklore japonais. Le film possède pourtant un atout universel, au-delà de son message anti-urbaniste : sa splendeur et son inventivité formelles, qui atteignent leur apogée dans cette séquence située au milieu du film. Si les esprits convoqués ici appartiennent tous au patrimoine nippon, leurs incessantes mutations, qui saturent peu à peu l’espace, visent d’abord un dérèglement des sens. Et si les références picturales abondent (du maître de l’estampe Utagawa Kuniyoshi jusqu’au collègue Hayao Miyazaki, en passant par Salvador Dalí ou M. C. Escher), c’est pour mieux les couler dans le mouvement hallucinatoire. Takahata nous donne ainsi sa conception du cinéma d’animation : un art de la métamorphose qui permet, sans coupes ni artifices, de passer du réalisme le plus précis au fantastique le plus foisonnant. Un art dont le tanuki, expert en illusion, est la mascotte toute désignée autant que la métaphore.

Pompoko d’Isao Takahata, Wild Bunch (1 h 54), ressortie le 19 avril

 Images (c) Buena Vista International

Vidéo : Entrée, plat, dessert, la nourriture façon studio Ghibli