LA SCÈNE
Appelés à la rescousse par les tanukis de Tama, trois grands sages lancent une grande opération ectoplasmes. L’objectif : « inspirer crainte et respect » chez les hommes pour les convaincre de préserver la forêt. Le spectacle débute par l’apparition d’un vieil homme juché sur un chien, qui fait pousser des fleurs sur les arbres morts de la ville. Les habitants sortent de chez eux, bouche bée. C’est le début d’un festival de visions de plus en plus délirantes.
QUEER GAZE · « Le Château ambulant » de Hayao Miyazaki (2005)
L’ANALYSE DE SCÈNE
Sous ses dehors enfantins, Pompoko est l’un des films les plus sophistiqués sortis du studio Ghibli. C’est aussi l’un des moins accessibles au public occidental, tirant ses innombrables références de l’histoire et du folklore japonais. Le film possède pourtant un atout universel, au-delà de son message anti-urbaniste : sa splendeur et son inventivité formelles, qui atteignent leur apogée dans cette séquence située au milieu du film. Si les esprits convoqués ici appartiennent tous au patrimoine nippon, leurs incessantes mutations, qui saturent peu à peu l’espace, visent d’abord un dérèglement des sens. Et si les références picturales abondent (du maître de l’estampe Utagawa Kuniyoshi jusqu’au collègue Hayao Miyazaki, en passant par Salvador Dalí ou M. C. Escher), c’est pour mieux les couler dans le mouvement hallucinatoire. Takahata nous donne ainsi sa conception du cinéma d’animation : un art de la métamorphose qui permet, sans coupes ni artifices, de passer du réalisme le plus précis au fantastique le plus foisonnant. Un art dont le tanuki, expert en illusion, est la mascotte toute désignée autant que la métaphore.
Pompoko d’Isao Takahata, Wild Bunch (1 h 54), ressortie le 19 avril
Images (c) Buena Vista International
Vidéo : Entrée, plat, dessert, la nourriture façon studio Ghibli