SCENCE CULTE: « The Last Movie »

« Le tournage a été une longue orgie, relatait Dennis Hopper au magazine anglais Uncut en 2005. Partout il y avait des gens nus et complètement défoncés. Mais ça ne nous a pas dérangés, ça nous a aidés au contraire à finir le film. On était peut-être des junkies, mais des junkies avec une éthique de


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« Le tournage a été une longue orgie, relatait Dennis Hopper au magazine anglais Uncut en 2005. Partout il y avait des gens nus et complètement défoncés. Mais ça ne nous a pas dérangés, ça nous a aidés au contraire à finir le film. On était peut-être des junkies, mais des junkies avec une éthique de travail… Les drogues, l’alcool, le sexe ont nourri notre créativité.» Voilà ce qui se passa quand la firme Universal, déboussolée par le boom de la contre-culture (et le succès d’Easy Rider en 1969), envoya Hopper tourner The Last Movie au Pérou, épicentre de la cocaïne, avec ses amis stars – Samuel Fuller, Peter Fonda, Kris Kristofferson ou Michelle Phillips du groupe The Mamas and the Papas. Le résultat, longtemps invisible, est un impayable délire méta (l’histoire d’un tournage de western dans les Andes qui part en sucette), improvisé par des acteurs aux yeux rouges, bourré de folk songs et monté contre toute logique narrative. Un film «fin de trip» dont le flop au box-office fit office de précédent pour le Nouvel Hollywood – le director’s cut c’est bien, mais un peu de contrôle ne fait pas de mal non plus. Au milieu du chaos surnagent quelques instants de poésie, comme cette scène durant laquelle Kansas (Hopper) et sa maîtresse, Maria (Stella Garcia), font l’amour sous une cascade. La beauté sauvage des paysages se confond avec celle des corps filmés caméra à l’épaule, le roulement de l’eau sur la roche se mêle aux halètements de jouissance. Puis un plan en surplomb montre le passage d’un curé et de ses jeunes ouailles à flanc de falaise, chantant en chœur tout en observant la scène. «Ça, c’est la belle vie! Belle et toute simple», conclut Kansas-Hopper, ce qui dit beaucoup de l’inconscience qui régnait des deux côtés de la caméra. À voir pour situer cette courte faille temporelle pendant laquelle les freaks avaient pris le contrôle de Hollywood.

Image: Copyright kinofreund