Drame existentiel ou jeu de piste ludique, Saules aveugles, femme endormie ne choisit pas son camp, préférant nous laisser errer en 2011 dans son Tokyo de fiction, après le tremblement de terre et le tsunami qui ont endeuillé le Japon. Penché sur les conséquences psychiques d’un tel cataclysme, Pierre Földes, peintre, compositeur et auteur de courts passés sous les radars, met en scène quatre protagonistes comme une collection de destins aux reflets spleenétiques. Selon une technique d’animation particulière (tournage en prise de vue réelle, servant d’inspiration en même temps que les visages 3D sculptés pour chaque personnage), cette œuvre aux plans dépouillés envisage le décor tel un lieu d’effacement où les figurants traînent leur silhouette spectrale. Mais, dans cet entrelacs de solitudes urbaines, le verbe et le hasard des rencontres suffisent pour creuser l’horizon.
Comme lors d’une charmante scène de dialogue entre un mari abandonné, à la recherche de son chat, et une ado pleine de vie, échouée sur un transat au soleil. Avec patience, Földes gratte ainsi ses images à la façon dont Murakami dévoile la complexité merveilleuse des gens ordinaires.
Saules aveugles, femme endormie de Pierre Földes, Gebeka Films (1 h 49), sortie le 22 mars
Images (c) Gebeka Films