« Sapphire Crystal » : Rolex, champagne et coke tristes par Virgil Vernier

Creusant son sillon en toute indépendance, Virgil Vernier (Orleans, Mercuriales) poursuit une œuvre qui compte parmi les plus inclassables et les plus excitantes du jeune cinéma francais. Son nouveau film, moyen métrage dans l’opulence genevoise, explore une autre facette du monde moderne. Des jeunes discutent de la crystal shower, un jeu consistant, en boîte de


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Creusant son sillon en toute indépendance, Virgil Vernier (Orleans, Mercuriales) poursuit une œuvre qui compte parmi les plus inclassables et les plus excitantes du jeune cinéma francais. Son nouveau film, moyen métrage dans l’opulence genevoise, explore une autre facette du monde moderne.

Des jeunes discutent de la crystal shower, un jeu consistant, en boîte de nuit, a payer des bouteilles de champagne hors de prix pour en asperger les clients. S’il avait pris l’habitude de tourner en pellicule pour sublimer décors et visages, Vernier opte cette fois-ci pour l’image dégradée d’un simple iPhone et se tourne a priori vers ce qu’il y a de plus détestable : une jeunesse déconnectée qui, depuis son cocon suisse, aime a étaler sa richesse. On la suit pourtant lors d’une soirée banale, au champagne et a la coke tristes, qui débute en boîte et se termine par une errance groggy dans des rues vides. On devine que le film n’est pas tout a fait une fiction et que, comme souvent chez le cinéaste, la ville autour des personnages reflète leur âme. Dans Andorre (2013), Vernier filmait un espace enclavé, aseptisé et entièrement dédié a la consommation comme une ville dystopique.

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Genève ne l’est pas moins, les immenses logos de marques de luxe qui ornent les façades et l’ostentation de son célèbre jet d’eau la rendant presque inquiétante. La dimension mythologique, composante essentielle de l’œuvre du cinéaste, trouve ici un sens des plus ironiques, puisqu’un jeune se réjouit que ces logos cachent les étoiles. Si la couronne de Rolex est ainsi filmée comme le nouveau guide spirituel d’une jeunesse qui ne croit plus qu’au matérialisme, la grande beauté du film tient surtout a ce que Vernier filme ses personnages, héritiers d’un système qui les dépasse, dans tout leur charme candide.

Sapphire Crystal de Virgil Vernier, Shellac (31min), sortie le 15 juillet