Récompensé aux derniers Oscars, le film de Matthew A. Cherry, Everett Downing et Bruce W. Smith raconte l’histoire d’un père coiffant sa fille.
Six minutes presque sans dialogues, un dessin enfantin, presque naïf, une trame simplissime : c’est tout ce qu’il faut à Hair Love (2019) pour défaire avec bienveillance les stéréotypes autour des cheveux afros. Lauréat de l’Oscar 2020 du meilleur film d’animation, ce film raconte l’histoire de Zuri, une petite fille Afro-Américaine qui demande à son père de brosser ses cheveux crépus. Le papa s’arme alors d’un peigne et de barrettes pour réaliser le rêve de sa fille. Débute alors une longue bataille, qui se transforme en un délicat chemin vers l’acceptation de son identité et de ses origines…
Né dans l’esprit du footballeur américain Matthew A. Cherry, qui a expliqué au New York Times vouloir combattre les stéréotypes subis par les pères noirs (« Nous ne serions que des bons à rien, jamais présents. Les gens que je connais sont très impliqués dans la vie de leurs enfants »), Hair Love a rapidement attiré l’attention d’Everett Downing (animateur chez Pixar) et Bruce W. Smith (créateur de la série Cool Attitude) lors de sa campagne de crowdfunding. Quinze millions de vues sur YouTube et un Oscar plus tard, le film a été décliné en livre pour enfants.
Rien d’étonnant : dans ce juste mélange entre pédagogie et malice, Hair Love s’offre comme une fable d’actualité qui célèbre le naturel comme une force, loin des diktats esthétiques.
Lors de la remise de son Oscar, Matthew A. Cherry a d’ailleurs évoqué le Crown Act (loi californienne interdisant la discrimination fondée sur le style et la texture des cheveux), en réaction à la polémique concernant un lycéen texan menacé d’exclusion s’il ne raccourcissait pas ses dreadlocks le mois dernier: « Si nous pouvons aider à faire passer cette loi dans les 50 États, cela empêchera des histoires comme celle de DeAndre Arnold de se reproduire ». De quoi achever de nous convaincre de la portée aussi ludique que politique que peuvent porter les images d’animation.
What would have been my full speech. #Oscars pic.twitter.com/qeL43gqK0k
— Matthew A. Cherry (@MatthewACherry) February 10, 2020