Alors que la 70e édition du Festival de Berlin présidée par Jeremy Irons s’est ouverte vendredi dernier jusqu’au 1er mars, petit focus sur les œuvres incontournables qui risquent de marquer ce grand-rendez-vous cinéphile.
The Eddy de Damien Chazelle (hors compétition)
Un Américain à Paris de Vincente Minnelli version Damien Chazelle ? Ce n’est pas un doux rêve. Les deux premiers épisodes de la série musicale du réalisateur de La La Land, qui racontera l’histoire d’un chef-d’orchestre new-yorkais (André Holland) reconverti en patron de club de jazz, seront présentés en avant-première à Berlin. Pourquoi on mise tout sur cette plongée électrique dans le Paris multi-culturel ? D’abord parce que ce récit polyphonique est porté par une team d’enfer (Tahar Rahim, Leïla Bekhti, Joanna Kulig). Ensuite parce qu’il a partiellement été tourné en 16 mm (et que le charme de la pellicule fait toujours son effet). Enfin parce tous les numéros musicaux ont été enregistrés en direct (challenge technique de taille). Et parce que, connaissant Damien Chazelle, ce mélo risque de nous glisser dans un pas de danse vers le passé pour mieux contempler la modernité. L.A-S
—> A lire aussi: Festival de Berlin 2020: Jeremy Irons nommé président du jury
First Cow de Kelly Reichardt (en compétition)
Après Wendy et Lucy (2008) et La Dernière Piste (2010), c’est le grand retour aux plaines sauvages de l’Oregon pour Kelly Reichardt, réalisatrice-baroudeuse qui a filmé comme personne les routes enneigées et les terres désolées de l’Amérique rurale. Adapté d’une nouvelle de Jonathan Raymond, le film raconte l’histoire de Cookie Figowitz (John Magaro), cuisinier taciturne du XIXe siècle qui s’associe avec King-Lu (Orion Lee) pour créer un commerce de gâteaux lucratif. Petit hic : le lait de vache qu’ils utilisent a été acquis illégalement… D’après son premier trailer, First Cow prendra la forme d’un western lent et doux, un peu à l’image des cuillères de miel sucré qu’on y voit, et promet de célébrer, sous l’imposante mythologie de l’Ouest américain, des outsiders invisibilisés. L.A-S
Construit comme une symphonie en 18 chapitres suivant l’évolution de la société chinoise depuis l’accession au pouvoir du parti communisme en 1949, le documentaire Swimming out till the Sea Turns Blue explorera l’histoire spirituelle de ce peuple à travers un groupe d’écrivains influents et d’étudiants rassemblés dans un village de la province du Shanxi. Un périple individuel et créatif d’inspiration collective – une articulation souvent présente chez le cinéaste – qui sera racontée par trois célèbres romanciers chinois : Jia Pingwa, Yu Hua et Liang Hong. Le court teaser du film, produit par mk2, laisse entrevoir un kaléidoscope de portraits entrecoupé de plans graphiques sur la campagne chinoise. Avec ce nouvel opus qui promet d’être aussi poétique et engagé que les précédents, Jia Zhangke risque encore de faire mouche. L.A-S
À LIRE AUSSI >> Notre entretien avec Jia Zhangke pour Les Éternels
Irradiés de Rithy Panh (en compétition)
Après L’Image manquante en 2013, le cinéaste et documentariste franco-cambodgien Rithy Panh donne à nouveau la parole aux victimes de barbaries humaines, en récoltant dans Irradiés les témoignages des hibakusha (les victimes des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki). Prolongeant son travail sur la mémoire à travers le pouvoir d’évocation du cinéma, Rithy Panh semble à nouveau de nous interroger sur notre propre rapport face à la violence de l’Histoire. Quelles traces reste-t-il de ces tragédies ? Comment les immortaliser à l’écran ? On n’a pas encore la réponse, mais les quelques photos de ce prochain film laissent déjà deviner des envolées métaphoriques et oniriques sublimes. E.J
Copyright Rithy Panh
Days de Tsai Ming-liang (en compétition)
Esteban Jimenez et Léa André-Sarreau
Image: Copyright Netflix/Allyson Riggs/A24/