Dans ce documentaire passionnant, Diego Governatori exorcise le mal-être d’un ami de longue date, atteint du syndrome d’Asperger, et en tire un portrait flamboyant. Sous une chaleur écrasante, Aurélien livre ses réflexions à voix haute.
Il parle d’une douleur qui l’envahit corps et âme, anéantissant son rapport au monde. Plus tard, dans l’ivresse d’une feria de Pampelune, Diego filme son ami qui déambule vêtu de noir parmi les fêtards en blanc et rouge, jeté dans l’arène d’une société dont les codes l’oppressent et qui refuse de comprendre sa différence… Filmeur et filmé se fraieront pourtant un chemin dans la foule, aussi sinueux soit-il. La matière du film, c’est la parole d’Aurélien – une parole qui s’échappe de ses lèvres comme par magie, dans un collage mêlant introspections et métaphores d’une extraordinaire clairvoyance. La juxtaposition de ce flux discontinu aux images, terribles, du lâcher de taureaux de la San Fermín donne lieu à de grands moments de poésie. C’est que le rôle du cinéaste, ici, est bien de redonner à Aurélien une place dans ce monde, à la mesure de son humanité bouleversante.
Quelle folie de Diego Governatori, New Story (1 h 27), sortie le 9 octobre
Image : Copyright New Story