Quand Friedkin trafiquait des faux billets pour payer son film, des bonbecs et des restaus

En 1985, quinze ans après le succès de French Connection (le film a reçu cinq Oscars), William Friedkin réalise Police Fédérale, Los Angeles, un thriller adapté du roman publié en 1984 To Live and Die in L.A. de Gerald Petievich, ex agent secret devenu scénariste. Le film suit les mésaventures de Richard Chance, un flic


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En 1985, quinze ans après le succès de French Connection (le film a reçu cinq Oscars), William Friedkin réalise Police Fédérale, Los Angeles, un thriller adapté du roman publié en 1984 To Live and Die in L.A. de Gerald Petievich, ex agent secret devenu scénariste. Le film suit les mésaventures de Richard Chance, un flic écorché vif, obsédé par la traque d’un faussaire de billets nommé Rick Masters (Willem Dafoe, bien flippant) qui vient d’assassiner son coéquipier. Dans un Los Angeles rétro et délabré inondé de lumières fluo, la folie meurtrière contamine peu à peu le héros. Friedkin ne cesse de questionner la fine frontière qui sépare ses personnages ambivalents, des « agents secrets anticonformistes » et des criminels. Dans Friedkin Connection, Les mémoires d’un cinéaste de légende (éditions La Martinière, 2014), le réalisateur de L’exorciste consacre notamment un chapitre à Police Fédérale Los Angeles et y livre quelques réjouissantes anecdotes.  On y apprend que Friedkin fit sortir de taule, avec l’aide de Petievich, un ancien faux-monnayeur pour qu’il lui enseigne le processus d’impression des faux billets.

LE SALE GOSSE, LES FAUX BILLETS ET LE PROC’

Au début du film, c’est dans un grand hangar décrépi qu’apparaît pour la première fois le faux-monnayeur Rick Masters. Le faussaire au visage émacié s’affaire avec précaution à copier, couper et rassembler les billets factices. Dans un montage alerte, composé exclusivement de gros plans, Friedkin filme avec précision toutes les étapes du processus, du découpage à l’impression en masse des faux-billets, ensuite passés à la machine à laver pour leur donner un aspect vieilli. Pour cette séquence, l’équipe du film s’était alors procurée de véritable faux billets « imprimés seulement au verso ». Une pratique pas vraiment légale mais qui aurait pu passer inaperçue. C’était sans compter la bourde du fils de l’un « des mecs en charge des effets spéciaux », qui déroba quelques faux billets à son père pour se ravitailler en bonbons dans le supermarché du coin. Quelques minutes après le larcin, les agents des services secrets débarquaient sur place pour interroger le môme, qui a alors expliqué qu’il s’agissait de faux billets fabriqués dans le cadre d’un film. Plus tard, vers 4h du mat’, l’accessoiriste fut réveillé en sursaut par les mêmes agents et l’info a bien évidemment fini par remonter à Friedkin. Le lendemain, le procureur fédéral du District Central de Californie convoqua le cinéaste par téléphone pour l’interroger. C’est finalement grâce aux précieux et délicats conseils de Petievich, contacté la vieille (« C’est juste une bande de couilles molles qui ont lancé leurs filets à l’aveuglette. S’ils veulent te parler, dis-leur qu’ils doivent avoir un mandat »), que Friedkin pu sortir de cette affaire sans encombre. Après la sortie du film, on annonça aux infos que plusieurs personnes avaient tenté de fabriquer des faux billets après avoir vu le film. Interpellé par la nouvelle et sans se soucier de l’incident passé, Friedkin, fidèle à sa réputation de tête brûlée, réitéra l’expérience lui-même : « J’ai pris quelques-uns des billets de vingt dollars (…) je les ai fourrés dans mon portefeuille, et puis je les ai dépensés, dans des restaurants, auprès de cireurs de chaussures, et dans d’autres endroits. C’est dire à quel point ils étaient bien imités. »