Pourquoi n’y a-t-il qu’une seule Kathryn Bigelow? En quoi le cinéma est-il un lieu où les rapports de force genrés sont amplifiés? Virginie Despentes donne ses réponses dans ce podcast.
Faut-il se mettre en danger en s’aventurant dans des œuvres qui nous font violence, contredisent nos idées? Que faire des artistes qu’on apprécie mais dont on sait qu’ils sont misogynes ou racistes ? Pourquoi y’a-t-il un manque de réalisatrices, alors que les autrices en littérature ont toujours été nombreuses, bien qu’invisibilisées? Ces questions sont insolubles, mais ça fait du bien de se les poser avec Virginie Despentes, dans cet épisode passionnant des Couilles sur la table, l’émission sur les masculinités, dédié aux liens entre féminisme et industrie cinéma.
Pour Despentes, le cinéma est aussi une affaire de pouvoir économique et politique. « Du point de vue du genre et de la race, le cinéma, c’est vraiment le triangle du mal absolu, avec de vraies exceptions évidemment ». A partir de ce postulat, l’écrivaine- réalisatrice et la journaliste et conceptrice du podcast Victoire Tuaillon lancent un débat autour de la construction des représentations à l’écran : vision binaire du genre, images stéréotypées du corps féminin…
Concernant Abdellatif Kechiche et la question du male gaze, Virginie Despentes développe : « Si Kechiche veut faire un film ultra macho sur sa libido, moi je trouve ça génial; mon problème, c’est pourquoi il n’y a pas l’équivalent, en face d’un Kechiche meuf? ». Mais c’est sur Une Fille Facile de Rebecca Zlotowski et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma que Despentes est la plus enthousiaste: « Elles changent toutes les deux les curseurs ».
Si vous vous demandez si Virginie Despentes pense faire un nouveau film – après Baise-Moi, Bye Bye Blondie et Mutantes – on a l’impression que c’est plutôt mal barré, parce qu’elle déclare n’avoir pas tellement envie d’aller faire lire son scénario à des producteurs qui « seront tous des mecs idiots de 60 ans ». C’est dit.
Image: Capture d’écran Youtube