De quoi le rêve est-il le symptôme chez Fellini, qui a toujours passionnément enveloppé la banalité quotidienne d’apartés oniriques? Tentative de réponse avec cet épisode du cycle que LSD, la série documentaire consacre aux rêves.
Si vos nuits vous échappent toujours un peu et que votre inconscient vous empêche de dormir, pas la peine d’aller consulter, regarder les films de Fellini vous coûtera moins cher. Le cinéaste italien s’y connaît en matière d’insomnie: victime de crises d’angoisses à répétition après le succès fulgurant de La Dolce vita en 1960, il va voir le psychanalyste jungien Ernst Bernhard, qui lui conseille de dessiner ses rêves pour exorciser ses démons intérieurs. Résultat ? En 2007 est réédité Le Livre de mes rêves, compilation onirique et fantasque de toutes les digressions nocturnes du réalisateur sur plus de trente ans. Mais que portent les rêves chez Fellini? LSD, la série documentaire , sur France Culture, s’est attaquée à la question dans une émission dédiée à décortiquer le sens des songes chez le cinéaste, en faisant appel à des invités prestigieux: Gianfranco Angelucci (scénariste de Federico Fellini), Audrey Norcia (commissaire de l’exposition « Quand Fellini rêvait de Picasso »), Mario Guaraldi (éditeur) et Paolo Fabbri (ancien directeur de la Fondation Fellini) prennent à tour de rôle la parole pour percer ce mystère, tant cinématographique que psychique.
Il y est question de Huit et demi, dans lequel un cinéaste dépressif se réfugie dans le mirage de ses souvenirs d’enfance pour échapper au syndrome de la page blanche, d’Amarcord, où des ados passent leur journée à fantasmer sur des femmes plantureuses, où des nombreuses séquences de harems sont filmées comme des divagations érotiques baignées d’une lumière surnaturelle. Fantasmes sexuels, cauchemars phobiques sur la peur de ne plus pouvoir créer : le rêve est autant un mirage qu’un outil d’analyse lucide pour surmonter les remords. Du dessin à la pellicule, l’émission nous guide peu à peu vers cette idée : le mensonge chez Fellini n’en est pas vraiment un, il est plutôt un voile fantaisiste posé sur le réel pour déceler ce que les autres ne voient pas à l’œil nu. Bonus: notre supercut dédié aux rêves silencieux chez le cinéaste.