Philippe Forest, Jean-Claude Kaufmann : découvrez la sélection livres de mk2 Institut

Tous les mois, mk2 Institut sélectionne des essais faisant l’actualité du monde des idées. Des recommandations de lecture sur des questions essentielles, qui animent nos sociétés et parfois les divisent.


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L’INVENTION DE LA SURVEILLANCE d’Ollivier Pourriol

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« La visibilité est un piège », disait Michel Foucault dans Surveiller et punir. Naissance de la prison. En deux siècles à peine, nous sommes passés d’un monde discret, où l’individu, à moins d’être glorieux, menait une existence invisible, à une société de l’hypervisibilité et de la surveillance permanente. Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Quel est l’avenir de la surveillance ? Peut-on y résister ? Dans ce « cinéphilo », le philosophe Ollivier Pourriol interroge notre réalité à travers l’histoire du cinéma contemporain. Un livre qui permet de (re)découvrir, aux côtés de Michel Foucault et de Jean-Jacques Rousseau, Minority Report, The Truman Show, Papillon, Orange mécanique, 1984

(Le Pommier, 120 p., 15 €)

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PETITES VENGEANCES de Jean-Claude Kaufmann

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Réveiller l’autre en faisant mine d’être désolé, passer l’aspirateur pendant un match de foot à la télé, ne pas remplacer le rouleau de papier toilette vide, ne pas ranger les affaires de l’autre au bon endroit… Et si on se vengeait secrètement de notre partenaire pour l’aimer davantage ? Pour le sociologue Jean-Claude Kaufmann, il ne s’agit pas de faire du mal à l’autre, mais bien de se faire du bien et donc d’en faire indirectement à son couple. Les petites vengeances secrètes se présentent ainsi comme une alternative majeure aux crises ouvertes et aux séparations, une salutaire thérapie de couple ! Un examen minutieux et amusant durant lequel l’auteur ausculte tous ces petits gestes qui oscillent entre la « petite gentillesse, juste pour rire » et la « vengeance molle » d’un « Machiavel en pantoufles ».

(Éditions 
de l’Observatoire, 200 p., 19 €)

LA VITESSE DE L’OMBRE d’Annie Le Brun

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Ce qui n’a pas de prix, ce sont les choses qui nous font vivre : le rêve, l’amour, la passion, l’art, la profondeur… Tout ce qui est en train de disparaître, aussi, sous le poids d’une marchandisation effrénée à laquelle plus rien n’échappe, pas même la beauté. Comment résister à l’asservissement de nos consciences et à l’extinction de nos vrais désirs ? Peut-on encore sauver l’imagination dans ce déferlement d’images ? Dans cet essai, la poétesse et écrivaine Annie Le Brun poursuit sa réflexion sur la beauté comme geste politique. À travers son regard, le lecteur découvre des rapprochements inattendus, des paysages inexplorés : un voyage au cours duquel surgissent nos désirs ensevelis, une liberté nouvelle et d’autres utopies.

(Flammarion, 128 p., 23,90 €)

CHANGER LA VIE PAR NOS FICTIONS ORDINAIRES de Nancy Murzilli

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Raconter des histoires, interpréter un personnage de théâtre, un rôle social, mentir, rêver, parler aux fantômes ou aux anges, jeter des sorts, écrire des romans… On pourrait penser qu’il existe une nette différence entre toutes ces pratiques. Leur point commun est qu’il y est fait usage de la fiction. Souvent perçues comme une échappatoire au réel, ces opérations mentales nous permettent de « savoir » et d’« agir » sans utiliser les moyens ordinaires d’information. Elles ont la faculté de faire advenir des possibles, le futur, par expériences de pensée. Dynamitant la valeur purement esthétique attribuée à la fiction, citant aussi bien Agnès Varda que Calvin et Hobbes, ce livre détourne malicieusement la rhétorique des guides de développement personnel pour proposer un entraînement à la fiction performative.

(Premier Parallèle, 200 p., 18 €)

NOUS COLONISONS L’AVENIR de David Van Reybrouck

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Dans la lignée de Contre les élections (2014), David Van Reybrouck écrit ici un plaidoyer en faveur de la justice climatique. Un constat sans appel qui se transforme en leçon d’optimisme et qui propose des solutions politiques aptes à renouveler la vie démocratique. Dans ce nouvel essai, l’historien propose quatre modes d’action susceptibles d’impliquer les citoyens dans les processus de décision. Parmi ceux-là, en dernier recours, la désobéissance civile, mais une désobéissance orga-nisée : les citoyens pourraient refuser de payer un certain pourcentage de leurs impôts, correspondant à la part du budget national que les États affectent aux ressources fossiles. Une réflexion méthodique, généreuse de solu-tions pour l’humanité, par l’action.

(Actes Sud, 64 p., 8,90 €)

RIEN N’EST DIT de Philippe Forest

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L’époque voudrait nous convaincre que la modernité, c’est fini. Qu’il faut en revenir aux canons et au bon vieux récit, celui qui plaît, celui qui enchante le public. Comme si rien ne s’était passé, précisément, dans ces avant-gardes dont on ne peut pourtant contester qu’elles ont animé le XXe siècle. L’écrivain et essayiste Philippe Forest retrace et analyse la façon dont, ces dernières décennies, s’est imposée l’idée que la littérature doit se réconcilier avec elle-même afin de se réconcilier avec le monde. Décréter la fin du moderne est un acte qui emporte avec lui toutes sortes de conséquences dont nous ne mesurons qu’à moitié les effets plus généraux. Un essai pour questionner le moment présent et découvrir les conditions de possibilité d’une parole littéraire qui refuse de se résigner à l’académisme ambiant.

(Seuil, 496 p., 23,50 €)

LA DERNIÈRE ARTISTE SOVIÉTIQUE de Victoria Lomasko

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Née en 1978 en U.R.S.S., Victoria Lomasko interroge, trente ans après la partition du bloc de l’Est, les vestiges de cet empire, autant en Russie que dans les nouveaux États apparemment indépendants. Et tandis que la pandémie de Covid-19 bouscule ses plans, le livre se mue en un témoignage d’une époque qui a vu le plus vaste pays du monde passer d’un sordide régime autoritaire à une effrayante dictature. Les dernières lignes du livre furent écrites au début de l’exil de l’autrice, en mars 2022. Fidèle à la tradition littéraire russe où un livre ne traite que rarement d’un sujet unique, Victoria Lomasko dépeint à travers La Dernière Artiste soviétique le portrait populaire d’un monde en équilibre précaire autant qu’elle interroge le statut de l’artiste.

(The Hoochie Coochie, 296 p., 26 €)

JOURNAL D’UNE INVASION d’Igort

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Igort a vécu dans le Donbass, en Ukraine, au début des années 2010. Une partie de sa famille continue d’y vivre. Dès le début de la guerre, il appelle les siens. Choqué par leurs premiers témoignages, il a voulu mémoriser leurs voix en une sorte de chronique dessinée. Ce récit, écrit en temps réel de l’actuelle guerre russo-ukrainienne, raconte, au fil des cent premiers jours de l’invasion, une fresque désolante et terriblement humaine qui montre la vie de misère et de privation, le cauchemar, l’horreur… et puis la résistance ukrainienne, la détermination d’un peuple qui souffre mais ne cède pas. Igort inscrit aussi son récit dans l’histoire, en revenant sur les relations entre les deux pays sous l’ère de Joseph Staline puis celle de Vladimir Poutine. L’espoir, la désillusion, la fierté et la solidarité construisent la structure dramatique de ce nouvel ouvrage bouleversant.

(Futuropolis, 168 p., 24 €)