Logan Roy n’a jamais su faire semblant et ne commencera pas le jour de son anniversaire. La petite sauterie organisée dans le premier épisode de la quatrième saison de Succession emmerde profondément le plus mauvais père de famille du petit écran. Tout juste arrive-t-il à décrocher un rictus avant de s’isoler -pour marmonner un de ces « for fuck’s sake » dont il a le secret. Les dix épisodes diffusés au compte-goutte chaque semaine à partir du 27 mars sur Prime Video seront les derniers et, de ce que la presse a pu en voir, tiennent toutes leurs promesses. Il y a toujours cette mise à nu brutale des névroses familiales, cet empilement de personnages répugnants et fascinants. Toujours ces deals financiers filmés comme des tournois de chevaliers, mais avec des jets privés et des liasses de billets à la place des lances.
Ce qui a changé, c’est que pour la première fois, une fratrie quasiment unie fait face à l’intraitable patriarche. Kendall, Shiv et Roman s’apprêtent à lancer leur propre entreprise de média, avant de se rappeler que court-circuiter leur père est peut-être plus satisfaisant. Logan, lui, a juré la perte des « rats ». À ses côtés, il n’y a plus que Connor, l’aîné, englué dans sa course à la présidentielle américaine et des sondages à 1% d’intentions de vote.
« Succession », un jeu de massacre aux dialogues ciselés
Féroce, sauvage, Succession n’a jamais autant ressemblé à une comédie. La redoutable paire cousin Greg/Tom, allégorie du malaise, et Kerry, l’assistante de Logan qui prend plus d’importance, sont au cœur de scènes hilarantes. Pourtant, à mesure que le crépuscule avance, il paraît évident que l’enjeu (de la série et des personnages) est ailleurs. Que Shiv et Tom regrettent leur mariage raté. Que Logan aimerait qu’on l’appelle pour son anniversaire. Que tout ceci était, dès le départ, une grande et terrible histoire d’amour.
Succession, saison 4 (10 × 60 min), à partir du 27 mars sur Prime Video
Images (c) HBO