Des gendarmes dévoués, des époux aimants, de bons chrétiens, des travailleurs honnêtes dont le seul objectif est de joindre les deux bouts… La série Des gens bien en est effectivement remplie, de gens bien et sans histoire, laissés pour compte de la modernité qui vivent tranquillement à la frontière franco-belge. Mais cette sage existence est perturbée dès la scène d’ouverture par Tom Leroy, policier du Plat pays fébrile, qui pousse une voiture dans un ravin avant d’y mettre le feu. D’un coup d’un seul, il embrase le véhicule et la femme qui se trouve dedans, avant d’appeler les secours. Cette femme, c’est la sienne, et il prétexte un accident. Le gendarme français dépêché sur place n’y voit pas matière à ouvrir une enquête. Jusqu’à ce que Philippe, son collègue, flaire l’entourloupe…
À partir de là, c’est l’escalade. Seront impliqués, pêle-mêle, une ex-amante érotomane, un cousin repris de justice super flippant, un centre de bronzage, la cousine de la reine Mathilde de Belgique et une sœur évangélique radicalisée. La série trouve sa saveur dans le fait de plonger des personnages confondants de banalité dans une intrigue rocambolesque.
PETIT ÉCRAN · Séries Mania : nos 5 coups de cœur
Qu’on ne s’y trompe pas, la trivialité confine au sublime lorsqu’elle est façonnée par Stéphane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Matthieu Donck, les trois créateurs belges de cette pépite. On pense beaucoup à Fargo des frères Coen, les forêts des Ardennes à la place de la neige. On ne pensait pas, en revanche, rire autant devant les tirades d’un commissaire belge mourant d’ennui (« Tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ? Un pédophile »). On connaissait, enfin, le potentiel comique d’India Hair ou Dominique Pinon, et c’est un plaisir de les voir en user auprès de leurs excellents confrères belges Lucas Meister et Bérangère McNeese.
Image (c) Hélicotronc – Shelter Prod
Jehnny Beth et India Hair : « Kervern et Delépine ont une maîtrise assez folle du féminisme »