Après le succès public et critique de son oeuvre miroir, Douleur et Gloire, le cinéaste espagnol a annoncé ses deux prochains projets : un court métrage avec Tilda Swinton adapté de la pièce La Voix Humaine de Jean Cocteau ainsi qu’un long métrage adapté de Manuel à l’usage des femmes de ménage de Lucia Berlin.
Alors qu’il a fêté ses 70 ans en septembre dernier, Pedro Almodóvar garde un désir insatiable pour le septième art. Le plus célèbre cinéaste espagnol, révélé en 1980 avec le très drôle Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, a démontré en quarante ans de carrière et plus d’une vingtaine de films, une incroyable capacité à jongler avec divers genres et influences, tout en créant un univers extrêmement intime et personnel où désir, violence, sexualité et refoulement se conjuguent. Avec son dernier opus, Douleur et Gloire, Almodóvar retrouvait – pour la huitième fois – son acteur fétiche, Antonio Banderas et signait son film le plus introspectif, entre exaltation de la création et épanchements plus nostalgiques. Et pour la première fois de sa carrière, nous apprend IndieWire, le cinéaste a choisi de tourner en langue anglaise. Étonnante décision que celle du réalisateur de La Loi du désir (1986), qui a refusé plusieurs offres américaines – telles que Sister Act (1992), qui est tombé entre les mains d’Emile Ardolino, ou encore Le Secret de Brokeback Mountain (2005), finalement réalisé par Ang Lee. On se souvient d’ailleurs que l’immense Billy Wilder lui conseillait dans les années 1980 de rester en Espagne pour ne pas être vampirisé par l’industrie américaine – conseil que le cinéaste a suivi pendant de nombreuses années. Et ce n’est pas un, mais deux projets qui marquent la fin de cette promesse qu’il semble s’être faite à lui-même.
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D’abord, celui d’une adaptation de la pièce de théâtre écrite par Jean Cocteau, La Voix Humaine, qu’il souhaite tourner dès le mois d’avril à Madrid avec Tilda Swinton en vedette. Le film narre l’histoire d’une dernière conversation téléphonique entre une femme et son amant. Almodóvar avait déjà puisé son inspiration dans le texte de Cocteau avec Femmes aux bords de la crise de nerfs (1988) – où son dispositif de mise en scène rappelait celui du théâtre. Il veut désormais moderniser la pièce : « Nous avons travaillé avec elle parce que c’est très vieux jeu. Cette mentalité n’existe pas. »
Et il faut dire qu’Almodóvar ne tarit pas d’éloge sur l’actrice : « Elle est si ouverte, si intelligente. Elle m’a donné beaucoup de confiance en moi. Pendant la répétition, nous nous sommes très bien compris. » Le cinéaste a confié que sa décision de revenir à un format plus court a surpris son entourage : « C’est bizarre, lorsque des amis me demandent ce que j’aimerais faire par la suite, ils sont surpris quand je leur dis que j’aimerais vraiment tourner un court métrage de 15 minutes, et non une série. »
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Parallèlement à ce projet, le cinéaste espagnol a évoqué son prochain long métrage. Une adaptation, encore, mais cette fois-ci du Manuel à l’usage des femmes de ménage de Lucia Berlin. Paru en 2015, plus d’une dizaine d’années après la mort de l’autrice américaine, cet ouvrage racontait sur près de quarante ans sa vie tumultueuse et agitée entre les Etats-Unis et le Chili – sa vie fut bien remplie, entre ses divers métiers, ses enfants, ses mariages et son alcoolisme… Un livre qu’il décrit comme « merveilleux » sans préciser le nom des acteurs attachés au projet pour le moment.
En attendant d’en apprendre davantage, vous pouvez toujours revoir notre supercut consacré aux coups de fil dans son cinéma :
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