Pedro Almodóvar publie son journal de confinement

Depuis le 30 mars, le grand cinéaste espagnol (Tout sur ma mère, Volver) publie le récit de son confinement dans le journal en ligne El Diario. La première partie, écrite le 23 mars, est raccord avec le ton nostalgique et spleenétique de son dernier film, Douleur et Gloire : face à l’angoisse et aux vieux


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Depuis le 30 mars, le grand cinéaste espagnol (Tout sur ma mère, Volver) publie le récit de son confinement dans le journal en ligne El Diario. La première partie, écrite le 23 mars, est raccord avec le ton nostalgique et spleenétique de son dernier film, Douleur et Gloire : face à l’angoisse et aux vieux souvenirs qui affluent, il tente de garder le cap grâce au cinéma.

Confiné depuis le 13 mars, Pedro Almodóvar a longuement hésité avant de prendre la plume : « Jusqu’à maintenant, je m’étais refusé à écrire, ne voulant pas laisser de trace écrite des sensations que provoquent en moi ces premiers jours d’isolement. Les neuf premiers jours, j’ai donc refusé de prendre une seule note » commence-t-il ainsi sa lettre. Le cinéaste virtuose de 70 ans (qui est encore passé à côté de la Palme d’or l’année dernière, malgré son vibrant Douleur et Gloire) s’est lancé avec un premier long texte publié le 30 mars, dont le journal Télérama a publié lundi la traduction en français.

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On est peu surpris de le découvrir dans un état qui oscille entre la solitude inquiète (« Habitué à vivre seul et en quasi-état d’alerte, j’ai découvert d’emblée que ma situation n’était pas si différente de d’habitude, ce qui n’est pas un constat réjouissant. ») et l’élan poétique (« Je m’organise pour affronter la nuit et l’obscurité, parce que je vis comme un sauvage, au rythme que trace la lumière des fenêtres et de la terrasse. »)

Alors qu’il annonçait en février travailler sur de nouveaux projets, il se confie aujourd’hui sur son syndrome de la page blanche (« Je ne suis pas assez en forme pour commencer l’écriture d’une fiction – ça finira bien par arriver »). Le cinéaste se fait aussi parfois oracle, prédisant un baby-boom post-confinement – mais aussi que les bébés naîtront après la séparation de leurs parents, dû à cette même quarantaine.

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Il mêle surtout constamment réalité et fiction, dressant la liste des films que lui évoque cette période (« Cette situation généralisée et virale semble directement sortie d’une science-fiction des années 50, en pleine guerre froide. »), comme Planète interdite ou L’Invasion des profanateurs de sépultures, et convoquant les souvenirs de son dernier film en parcourant son propre appartement, qu’il a reconstitué dans le film (« J’étais jusqu’à présent tellement abattu que mon seul exercice consistait en une promenade dans ce long couloir, celui de Julieta Serrano et Antonio Banderas dans Douleur et Gloire. »)

Prenant comme fil rouge son visionnage morcelé de Goldfinger, il évoque ses souvenirs de (et souvent avec) Sean Connery, Lucía Bosè, Chavela Vargas ou encore l’artiste manchego Antonio López et son épouse María Moreno, « remarquable peintre réaliste restée en retrait ». Des réminiscences qui ont plutôt l’air de lui faire broyer du noir… « L’inconvénient d’être enfermé chez soi, c’est qu’on bascule vite dans la nostalgie. » On attend, avides et anxieux, la deuxième partie de son journal.

Image de couverture : © D.R.