Park Chan-wook, un trajet nommé désir

Le premier film à gros budget de Park, après deux premiers longs bricolés et tombés dans l’oubli, suit une enquête sur une fusillade entre des soldats du Sud et du Nord à la frontière entre les deux Corées. Le cinéaste fantasme la réunification de son pays à travers une amitié interdite entre militaires ennemis, avant […]


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Le premier film à gros budget de Park, après deux premiers longs bricolés et tombés dans l’oubli, suit une enquête sur une fusillade entre des soldats du Sud et du Nord à la frontière entre les deux Corées. Le cinéaste fantasme la réunification de son pays à travers une amitié interdite entre militaires ennemis, avant de se laisser broyer par le pessimisme : presque tout le monde meurt à la fin.

vengeance

Attention, le titre est trompeur : en anglais, « sympathy » signifie « compassion ». Et autant dire que le film est aussi sympa qu’une porte de prison. Avec ses lumières verdâtres, son ambiance oppressante et sa violence sauvage, c’est une méditation sordide sur la vengeance, notamment celle d’un sourd-muet qui se fait voler un rein en voulant sauver sa sœur gravement malade.

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Le film emblématique de Park déroule la vengeance d’un homme enfermé pendant quinze ans pour une raison qu’il ignore. Toujours dans des tons glauques, la mise en scène se fait plus pop : la violence est stylisée dans des scènes devenues cultes, comme une baston sanglante dans un couloir. Bien qu’ambiguë, la chute est cette fois plus douce : le héros et sa fille, ignorant leur lien, poursuivront-ils leur romance ?

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En prison, Geum-ja mûrit pendant treize ans sa vengeance contre l’homme qui l’a forcée à avouer un infanticide qu’elle n’a pas commis… Plus nerveux et rythmé que ses prédécesseurs, Lady Vengeance se laisse gagner par des couleurs chaudes, jaunes et orangées. Park donne le pouvoir à son héroïne, véritable moteur du récit, qui applique son plan machiavélique avec une rage sourde.

cyborg

Virage loufoque pour le cinéaste sud-coréen, avec cette comédie complètement perchée. En contant les frasques d’une patiente d’asile psychiatrique qui se prend pour un cyborg (elle refuse de s’alimenter mais lèche des piles pour « recharger ses batteries »), il rend son cinéma plus léger, et même romantique. La bride est presque trop lâchée : le délire visuel et narratif affaiblit la puissance dramatique.

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Après cette folle embardée, le cinéaste resserre la vis mais s’intéresse encore à d’atypiques mœurs. Un prêtre transformé en vampire se lance dans une relation torride avec une femme mariée. Jouant sur le clair-obscur et l’imaginaire érotico-vampirique, Park travaille pour la première fois à égalité les pulsions de vie et de mort mais n’offre pas pour autant d’issue positive à ses personnages tourmentés.

stoker

Dans le premier film américain du cinéaste, une jeune fille reçoit la visite de son séduisant oncle, qu’elle ne connaît pas. Chatoyant et élégant, Stoker est surtout un peu guindé. En rétention, le suspense et la tension sexuelle n’en finissent pas de monter jusqu’au troublant orgasme que l’héroïne atteint seule, sous la douche, en repensant à une strangulation commise par son oncle. Avant d’elle-même choisir de tuer.


Pic d’optimisme et d’hédonisme atteint avec ce film jouissif. En filmant un dédale de manipulations avec une virtuosité et une délectation qui font plaisir à voir, Park Chan-wook parvient au summum de sa maîtrise narrative. Le sexe – non plus la violence – prend toute la place et se pratique avec beaucoup d’amour. Surtout, le couple au cœur du récit s’affranchit des obstacles et de la violence.