Acquis par la société de production Neon, ce premier film tourné en anglais au casting impressionnant promet d’avoir une belle vitrine internationale.
Un peu comme Terrence Malick, qui travaille dans l’ombre mais dont chaque film est presque attendu comme l’événement cinéphile de la décennie, Apichatpong Weerasethakul fait rarement parler de lui pour rien. Protégé de la fureur médiatique dans sa forêt thaïlandaise, où il a confidentiellement tourné ses films en forme de rêves éveillés, le réalisateur se retrouve un peu plus sous le feu des projecteurs depuis que l’on sait que son prochain film Memoria sera non seulement tourné en Colombie (« J’ai voulu tout connaître des origines de la violence et de l’histoire de la colonisation dans ce pays, peut-être pour comprendre ce qui se passe dans le mien. En même temps, je sais que c’est impossible de faire un film véritablement local. Je montrerai donc un point de vue étranger.» »>avait-t-il déclaré), et que Tilda Swinton et Jeanne Balibar en seront les héroïnes.
Maintenant que le distributeur nord-américain Neon – chargé de distribuer Parasite aux Etats-Unis – vient d’acquérir le film dont la sortie est prévue pour 2020, il paraît de plus en plus probable que Memoria sera le premier film d’envergure mondiale du réalisateur, même si la Palme d’or à Cannes 2010 pour Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures l’avait déjà propulsé sur la scène internationale. Quitter sa maison, sa langue maternelle pour l’anglais, mais aussi revoir toute sa direction artistique, lui qui a l’habitude de diriger des acteurs inconnus : Weerasethakul fait le pari de l’expatriation, bien que les thèmes de Memoria résonnent avec le reste de sa filmo, où dialoguent mémoire du présent et mythes ancestraux, banalité quotidienne et saillies expérimentales.
Sans oublier un sous-texte politique très fort, qui devrait ici prendre la forme d’un état des lieux de la Colombie contemporaine. Pour rappel, voici le synopsis du Film Français: « Memoria suit une botaniste spécialiste des orchidées (Tilda Swinton) lors de sa visite à Bogotá, où vit sa sœur malade. Elle devient amie avec une archéologue française (Jeanne Balibar) qui travaille près d’un chantier d’un tunnel dont la construction dure depuis un siècle. Ce paysage est parti intégrante de l’intrigue. Sur place, le personnage de Tilda Swinton ne va plus trouver le sommeil, hantée par des bruits étranges… » Parce qu’une petite parenthèse nocturne ne fait jamais de mal, on revoit aussi Blue, court-métrage moite et gracieux du réalisateur.
Le film devrait sortir sur nos écrans courant 2020.