L’occasion d’interviewer quelqu’un qui n’existe quasiment pas sur Internet est rare. Quand on le lui fait remarquer, Anta Diaw affiche un sourire presque fier. « C’est parfait, on va tout découvrir. » Elle est aussi magnétique en vrai qu’à l’écran, investie pleinement dans Bâtiment 5, le deuxième long métrage de Ladj Ly après le carton des Misérables (2019).
Quelques mois plus tôt, on la découvrait dans Le Jeune Imam de Kim Chapiron. Le collectif Kourtrajmé a ouvert grand ses portes de casting à la jeune femme, née à Creil, en Picardie, où elle vit toujours. « J’ai toujours aimé le cinéma, mais je n’étais pas le genre de personne à y aller toutes les semaines », se souvient celle qui admet en revanche une fascination de longue date « pour le jeu ».
Elle épuise la VHS de Sister Act, s’éclate en théâtre à l’école, mais ne pense jamais à en faire son métier. Bac, fac, débuts dans la vie active, « j’ai l’impression d’avoir été en pilote automatique toute ma jeune vie ». Alors que devant une caméra, la voilà qui abandonne ses habits de fille introvertie pour se révéler. Ce qui lui a fait sauter le pas, c’est l’ennui et la peur de passer à côté de sa vie.
Anta décide en 2020 de faire un stage d’une semaine au cours Florent ; puis aperçoit une annonce pour le casting du Jeune Imam sur Instagram : elle répond sans trop y croire et passe toutes les étapes « en touriste ». Rebelote pour Bâtiment 5, avec cette fois la sensation de se frotter à des acteurs confirmés qui apportent de la technique à son « jeu très instinctif ». La suite ? Anta a toujours son travail dans une start-up, qu’elle espère un jour lâcher pour se consacrer au métier qui la passionne.
Bâtiment 5 de Ladj Ly, Le Pacte (1 h 40), sortie le 6 décembre
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS