NOUVELLE STAR · Paloma Sermon-Daï redonne de l’énergie au cinéma social belge

Réenchanter le cinéma social, c’est ni plus ni moins la prouesse de Paloma Sermon-Daï avec « Il pleut dans la maison ». Résultat d’un alliage irrésistible entre coming-of-age et fin portrait sociologique, entre fiction et documentaire, entre un frère et une sœur, cet ovni venu de Belgique méritait bien qu’on rencontre sa réalisatrice.


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C’est plein d’admiration qu’on s’entretient avec la cinéaste depuis Bruxelles, où elle vit en bordure de forêt. Née « dans une famille éloignée du cinéma » en Wallonie, la tout juste trentenaire, qui se dit volontiers timide et solitaire, grandit dans un village et prend très tôt le bus pour se rendre à des projections. Avant de s’exiler dans la capitale belge, pour suivre des études de cinéma à la Haute école libre de Bruxelles : « Quand j’ai quitté mon village, j’étais amère. Et puis à Bruxelles, j’étais finalement nostalgique ; mes contacts avec les gens n’étaient pas les mêmes ici. »

De retour pour son film de fin d’études, Paloma Sermon-Daï y noue un lien très fort avec un cousin éloigné : « Celui qui avait le plus envie d’être filmé, c’était Makenzy. J’ai découvert un gamin qui n’avait pas d’activité extrascolaire et qui était ravi de cet engagement régulier. » Elle resserre alors le film (baptisé Makenzy) autour du garçon aux airs de P’tit Quinquin, qu’on voit batifoler avec sa demi-sœur Purdey. Lorsque Paloma Sermon-Daï s’attèle plus tard à l’écriture d’Il pleut dans la maison, ses producteurs reconnaissent étrangement Makenzy et Purdey dans cette fratrie solidaire – et solaire – malgré les coups durs.

S’engage alors un processus nourri par leur spontanéité : « On croit que c’est improvisé, mais on a travaillé en amont ; je leur donnais des pistes, ils improvisaient puis j’affinais les dialogues », précise-t-elle. Forte d’une vérité documentaire qu’elle creuse à même la fiction, on ne s’étonne pas qu’elle cite d’emblée Kelly Reichardt et Harmony Korine comme références. Ni qu’Emmanuel Marre (Rien à foutre) figure à son générique, tant ils partagent une urgence qui revivifie le cinéma social. Un « vent de fraîcheur » pas près de s’atténuer, si l’on en croit le prochain projet de Paloma ; une histoire de « maman influenceuse » qu’elle écrit entre deux balades avec ses chiens. Et dont le sujet ultra contemporain nous fait déjà saliver…

« Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï : chronique d’un été

: « Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï, Condor (1 h 22), sortie le 3 avril