Lancé à toute berzingue dans la préparation de son premier long métrage, Loïc Hobi répond avec vélocité aux questions, une petite voiture pendue au cou. Ce Franco-Suisse de 26 ans s’était fait remarquer en 2019 avec L’Homme jetée, son film de fin d’études qui contait avec un érotisme mélancolique la rencontre contrariée de deux marins. Et d’embrayer, en parallèle d’essais expérimentaux autour de rencontres gays online et de la trajectoire d’un incel, sur The Life Underground (2021), un coming-of-age sidérant de maîtrise formelle et plein d’une réflexion cathartique sur l’adolescence. Pour Alexx196 & la plage de sable rose, dans lequel deux ados vivent une romance via un jeu vidéo en ligne sans s’être encore rencontrés I.R.L., ce stakhanoviste a « dû effectuer une vraie recherche pour exprimer tout ce qu’il y avait dans le réel à travers le virtuel. Les technologies actuelles me permettent d’exprimer les sentiments que j’ai ressentis à l’adolescence, comme cette impossibilité d’être en contact avec de la matière physique, la difficulté pour des sentiments d’exister concrètement ».
Féru de parcs d’attractions depuis l’enfance (il a d’ailleurs donné rendez-vous à notre photographe dans une fête foraine), Loïc Hobi s’empare de leur cinégénie pour raconter l’épopée intime de son héros. « Si je fais du cinéma, c’est grâce à cet univers-là. Un film, c’est avant tout une attraction, on s’assoit à un endroit pour assister à un spectacle. Pour mon premier long, je veux placer les spectateurs dans des montagnes russes, dans les frissons. » Avec, comme prometteuse tagline, « la Suisse est sur le point de se faire dépuceler », Bad Gays suivra un conducteur lancé vers l’Italie dans une voiture rose flamboyant, s’arrêtant çà et là pour accueillir des mecs à bord. « Un film pd extrêmement exubérant, sans repentir, qui crée des images queer. » Loïc Hobi, fast & marvellous.
Portrait Julien Liénard