NOUVELLE STAR · Kim Fino : une jeune cinéaste en vadrouille  

Elle est pour nous la belle suprise du Festival de Clermont-Ferrand. Du haut de ses 24 ans, Kim Fino affiche une gouaille enchanteresse et des yeux pétillants. On l’a rencontrée à son retour du festival, où son court métrage autoproduit et féministe « Oh Maybe Not Tonight » a raflé un Prix spécial du jury.


Kim Fino au festival de Clermont Ferrand 2025 © Camille Dampierre
Kim Fino au festival de Clermont Ferrand 2025 © Camille Dampierre

Oh Maybe Not Tonight n’a rien d’une comédie romantique, bien qu’on assiste à « une rencontre entre deux solitudes », celle d’une jeune vagabonde à Montréal et de l’homme qui la suit dans la rue.

Plutôt que de l’ignorer, Ennie (Jeanne Bellefeuille) se retourne et l’interpelle. « Elle prend les hommes comme ses égaux, comme ses pairs. Mais en tant que femme, sa seule présence dans l’espace public est source d’amalgame », déclare Kim Fino, dont le film est tiré de sa propre expérience.

Oh Maybe Not Tonight de Kim Fino © Camilia Penagos
Oh Maybe Not Tonight de Kim Fino © Camilia Penagos

Après le bac, cette fille d’une mère interprète en langue des signes quitte son Sud natal pour les États-Unis, où elle « bourlingue pas mal en bus », comme son intrépide héroïne Ennie, avant d’étudier le documentaire au Québec.

Elle y tourne A Man Doing Man Things (2019), portrait d’un trentenaire gay qui « retourne dans le placard » lorsqu’il est contraint de revenir dans la ville conservatrice où il est né, puis intègre la prestigieuse CinéFabrique de Lyon en montage. « A Man Doing Man Things m’avait gratifié d’un prix en location de matériel, juste assez pour un second film. » De quoi revenir au Québec trois ans plus tard, accompagnée de deux techniciennes rencontrées à la CinéFabrique, pour Oh Maybe Not Tonight.

Un projet « lu par presque personne », que Kim Fino n’a pas eu « besoin de vendre » et qui s’est nourri de longues discussions entre l’équipe sur la portée politique du récit, qui parle avec une justesse folle du gouffre ressenti par la cinéaste « entre les hommes et les femmes hétéros, y compris du même milieu, qui se creuse avec l’âge et les constructions politiques » et qui perdure autour des notions de désir.

Autant de questions « ténues » qui ont séduit le jury national de Clermont-Ferrand« Je ne m’en remets toujours pas ! », affirme celle qui prévoit d’écrire avec sa mère un film sur l’origine de la langue des signes française – on signe où ?

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