Alors que le thriller politique multi-récompensé du cinéaste sud-coréen fait peau neuve dans une version noir et blanc à voir en salles, retour, en images et en couleurs, sur ce film dont l’esthétique baroque et romanesque a inspiré plus d’un artiste.
La plus ludique
Pour les fans du minimalisme sixties (version meubles de créateurs, pas tendance IKEA), c’est cette affiche pastel et épurée qu’on conseillera d’encadrer au-dessus de la cheminée, juste à côté de votre lampe Pipistrello. Commandée par le distributeur Curzon Artificial Eye au studio de design indépendant La Boca à l’occasion de la sortie du film en Angleterre, ce poster est construit comme un cluedo visuel très malin, baladant notre regard à travers une série d’indices hitchcockiens. Une façon de résumer Parasite en un seul rébus : boîte à pizza + autoportrait flippant + canne à pêche + tipi = cadavre dans la cave. Saurez-vous trouver l’Oscar dissimulé ?
La plus originale
Parasite, c’est aussi une étude féroce du choc entre tradition et modernité qui exacerbe les disparités de classes. À l’heure où les réseaux sociaux permettent de stalker pour mieux manipuler et régner, ceux qui détiennent le savoir-faire technologique peuvent renverser (momentanément du moins) les hiérarchies classiques… Une mascarade que les artistes portugais Vicente Niro et IgorMade It ont décidé d’incarner via une composition pyramidale, dans laquelle les personnages, privés de regard, se définissent soit par des gadgets (un téléphone portable) soit par des objets ancestraux liés à l’héritage familial (une pierre porte-bonheur). Habile façon de dire les tiraillements identitaires de la Corée du Sud…
La plus kitsch
Nettement plus kitsch, mais fidèle à l’esprit sanglant du film, ce poster réalisé par l’artiste canadien Randy Ortiz, originaire de Winnipeg, met à l’honneur la coqueluche canine de la famille Park. Ce toutou nous semblait parfaitement adorable, jusqu’à ce que ce visuel noir et blanc nous rappelle à quel point sa présence – avec ce bandeau du titre dissimulant son regard et ce bout de bras ensanglanté – plane comme une menace durant tout le film. De quoi vous donner un petit aperçu de l’ambiance glaciale de sa version black and white, actuellement en salles.
La plus minimaliste
À cause de Bong Joon Ho, plus aucune pêche ne vous paraîtra inoffensive. Réalisé par le Britannique Charlie Bowater, ce fan art hyper simple mais très efficace matche parfaitement avec la dimension symbolique du film, qui introduit grotesque et terreur via des objets du quotidiens triviaux rendus menaçants. Rappelons que c’est grâce à ce fruit juteux que la famille Kim parviendra à commettre l’irréparable (on n’en dira pas davantage au cas où quelques retardataires n’ayant pas encore vu le film traîneraient par ici).
La plus psyché
Pourquoi ce fan art de Joseph Roman retient notre attention? Parce qu’en quelques formes géométriques presque abstraites, qui fait de l’escalier hautement métaphorique du film – passerelle poreuse entre deux mondes – la colonne vertébrale d’un personnage, l’artiste exprime cette terrible idée : la haine sociale, les jalousies crasses structurent non seulement la société sud-coréenne, mais se sont implantées dans les êtres jusqu’à les ronger. Léa André-Sarreau