« Nomad: In the Footsteps of Bruce Chatwin » : une bande annonce touchante pour le prochain voyage de Werner Herzog

Le cinéaste baroudeur part dans son prochain film sur les traces de son ami, l’écrivain Bruce Chatwin, auteur de grands récits de voyages. Werner Herzog consacre un documentaire à son défunt ami Bruce Chatwin, dans lequel il repart sur les pas de ce dernier au cours de légendaires expéditions. Bien plus que de simples excursions, ces


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Le cinéaste baroudeur part dans son prochain film sur les traces de son ami, l’écrivain Bruce Chatwin, auteur de grands récits de voyages.

Werner Herzog consacre un documentaire à son défunt ami Bruce Chatwin, dans lequel il repart sur les pas de ce dernier au cours de légendaires expéditions. Bien plus que de simples excursions, ces voyages se rapprochaient davantage d’explorations spirituelles. Décédé du sida en 1989 à l’âge de 48 ans, Bruce Chatwin parcourait les recoins les plus isolés de la planète. Son ouvrage le plus célèbre reste En Patagonie (publié en 1977), un livre qui relate son périple dans cette région d’Amérique du Sud à cheval entre le Chili et l’Argentine. Une passion partagée avec Werner Herzog qui, ne l’oublions pas, est le seul réalisateur au monde a avoir tourné sur les sept continents.

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À travers une série de témoignages et de rencontres sur les terres foulées des années plus tôt par Bruce Chatwin, Werner Herzog dresse le portrait mouvementé de cette figure amicale qui l’influença beaucoup, au point qu’il adapta librement son ouvrage The Viceroy of Ouidah (paru en 1980) avec Cobra Verde (1987), sa cinquième et dernière collaboration avec Klaus Kinski où il interprète Francisco Manoel da Silva dit Cobra Verde, un éleveur de bétail devenant un hors-la-loi chargé de ramener un convoi d’esclaves. Werner Herzog signe un final bouleversant, où son personnage anémique tente dans un geste désespéré de hisser sa barque sur l’eau. « Kinski s’est consumé« , avait dit Herzog en commentant cette scène dans son superbe documentaire Ennemies intimes (1999), où il revient sur sa relation conflictuelle avec l’acteur.

Car dans l’oeuvre du cinéaste allemand, il est régulièrement question de conquêtes impliquant une dépense d’énergie et de moyens humains colossaux. C’est cette ambition qui habite le conquistador Don Lope de Aguirre (Klaus Kinski) dans  Aguirre, la colère de Dieu (sorti en 1972). Racontant les péripéties d’une expédition espagnole à la recherche de l’Eldorado, Herzog se consacre davantage sur la folie qui guette ces hommes au cours d’un périple âpre et violent, à l’instar des dernières minutes vertigineuses où la caméra tournoyante et les sonorités électroniques ambiantes du groupe allemand Popol Vuh accompagnent les bouffées délirantes d’Aguirre, désormais (presque) seul à bord de son radeau.

Que ça soit dans la fiction (Fitzcarraldo) ou dans le documentaire (Grizzly Man), Werner Herzog n’a cessé en plus de cinquante ans de carrière de tracer le parcours de personnages à la recherche d’une expérience immanente. C’est cette même motivation qui anime Herzog lorsqu’il entreprend une longue marche de 800 kilomètres entre Munich et Paris : apprenant que son amie Lotte Eisner, critique et historienne du cinéma, est malade, il décide dans ce geste purgatoire de parcourir cette distance, convaincu que s’il réussit, son amie survivra. Herzog relatera cette expérience dans son journal de bord en 1978, intitulé Sur le chemin des glaces.

Et si aucune date de sortie n’est prévue en France pour Nomad: In the Footsteps of Bruce Chatwin (qui a été présenté l’année dernière au Festival du film de Tribeca), sachez que l’ambitieux Werner rêve déjà de fouler une autre terre. « J’irais bien tourner un film sur Mars« , avait confié récemment le cinéaste au festival « Visions du Réel » à Nyon. Preuve qu’à 77 ans, le cinéaste baroudeur est inarrêtable.

 

Image : Capture YouTube

Esteban Jimenez