NEWS – « Citizen Kane » perd son score historique sur Rotten Tomatoes

La note du film, jusqu’ici unanimement acclamé, a chuté à 99/100.


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Rotten Tomatoes est un peu au cinéma ce que le Guide du Routard est aux voyages, ce que le Guide Michelin est à la gastronomie : une bible incontournable, qui a droit de vie ou de mort sur les oeuvres. Pour ceux qui ne l’auraient jamais consulté, ce site de référencement garde la trace de toutes les critiques de films publiées sur le web, puis les classe selon des statistiques permettant d’établir la nomenclature suivante : un film est soit « frais » (plus de 60% de critiques positives), soit « pourri » (moins de 60% de critiques positives). Dans le premier cas, il est symbolisé par une belle tomate rouge de saison, dans le second, par une tomate verte éclatée.

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Parmi le club très privé des œuvres labellisées « 100 % fraîcheur », on trouvait Citizen Kane (1941), chef-d’oeuvre unanimement salué d’Orson Welles (nommé aux Oscars dans neuf catégories lors de sa sortie, couronné de la statuette du Meilleur scénario), écopant d’un score parfait (100/100). Jusqu’à ce que l’agrégateur de critiques de Rotten Tomatoes décide de faire tomber Citizen Kane de son piédestal, lui retirant le monopole du génie. Une affaire qui a ébranlé la toile cinéphile, et qui trouve son origine à travers un article (à lire ici) paru le 7 mai 1941 dans le Chicago Tribune, signé Mae Tinée  – un pseudonyme largement utilisé à l’époque qui nous empêchera d’identifier le ou la vrai.e coupable. Dans sa tribune, le ou la critique qualifie le film « d’assez bizarre pour devenir une pièce de musée », lui reproche « son sacrifice de la simplicité au profit de l’excentricité [qui] lui ôte toute distinction et tout intérêt en terme de divertissement ». 

Chers amis wellesiens, accrochez-vous : Mae Tinée estime que Citizen Kane est d’une « magnifique futilité », et attaque avec ironie les célèbres jeux d’ombre du film (« Cela m’a donné la chair de poule et je n’ai cessé d’attendre qu’ils laissent entrer un peu de soleil »).  Avant de reconnaître les talents d’acteur d’Orson Welles – paix à son âme – qui campe le personnage principal avec la splendeur effrayante qu’on lui connaît. Résultat, la découverte de cette critique plus nuancée qu’à l’accoutumée  a rebattu toutes les cartes. Désormais, comme le note The Hollywood Reporter, Terminator, Toy Story, et Paddington 2 devancent Citizen Kane, qui écope de la sale note de 99/100. On vous rassure, il reste quand Les Raisins de la colère et Le Cuirassé Potemkine et Le Faucon Maltais dans le haut du panier. Et connaissant le peu de crédit que ce cinéaste avant-gardiste accordait à la presse, peu de chance qu’il se retourne dans sa tombe en apprenant la nouvelle.