Mirion Malle, autrice de BD

GEn.A : c’est la génération engagée qui invente le monde d’après. Chaque semaine, Trois Couleurs part à sa rencontre pour tirer le portrait de jeunes artistes résistant.e.s, passionnant.e.s, exalté.e.s.


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Mirion Malle

Autrice de BD

28 ans

« J’ai beaucoup appris grâce aux réseaux sociaux, où enfin on pouvait entendre des voix qui n’existaient nulle part dans les médias traditionnels. »

Elle a été révélée par son excellent blog Commando Culotte, sur lequel elle analyse en BD, depuis 2013, la manière dont le patriarcat imprègne la pop culture. Passionnée de féminisme (elle a un master de sociologie et d’anthropologie avec une spécialité genre), de cinéma et de culture manga, Mirion Malle a développé un style basé sur un ligne noire et claire à laquelle elle insuffle beaucoup d’intensité et d’émotions. Exilée à Montréal, elle multiplie les publications : entre autres, le recueil adapté de son blog Commando Culotte (éd. Ankama, 2016), La Ligue des Super Féministes (éd. La Ville Brûle, 2018) et un très beau roman graphique sur la dépression, C’est comme ça que je disparais (éd. La Ville Brûle, 2020). Elle planche actuellement sur une libre adaptation du mythe d’Orphée et Eurydice en BD : « Ça parle des dynamiques de groupes, des enjeux de pouvoirs et des espaces en marges où on peut se reposer ».  Dans sa besace se trouve aussi un scénario de film qu’elle rêve de réaliser : on se languit de voir l’imaginaire de cette autrice hypersensible et ses thématiques ultra-contemporaines se déployer sur grand écran. 

LE DÉCLIC 

« Quand j’étais minus, je dévorais les Tom-Tom et Nana. Ça préfigurait le style de dessin et d’histoires que j’ai aimés ensuite. A 10 ans, j’ai commencé à lire des shōjo manga. C’est là que j’ai commencé à faire des petites BD, je reprenais les persos des livres où j’inventais des magical girls et autres lycéennes que je faisais vivre pendant une ou deux pages. J’étais hyper fan de Mihona Fujii, de Ai Yazawa, de Clamp, de Yû Watase… Dernier déclic : en prépa lettres, je dessinais pour mes ami.e.s des petits strips sur des bouts de papier avec des blagues sur les cours, les profs. C’était l’époque des blogs bd, que je lisais avidement. Du coup, j’en ai ouvert un, et j’ai jamais arrêté ! Je pense que j’ai ressenti assez vite que les choses n’étaient pas justes depuis mon petit point de vue, ce qui m’a fait m’intéresser assez tôt aux luttes féministes, vers le début du lycée ; mais c’est vraiment avec Twitter, vers 18 ans, que j’ai commencé à lire des militantes, des blogs, des livres, avec des expériences diverses et d’autres qui rejoignaient la mienne. J’ai beaucoup appris grâce aux réseaux sociaux, où enfin on pouvait entendre des voix qui n’existaient nulle part dans les médias traditionnels. »

LE FILM QUI L’INSPIRE 

« Définitivement Go Fish de Rose Troche (1994) : je l’ai vu quatre fois depuis février ! Peut-être que c’est parce que mes amies, les foules, les groupes me manquent, que c’est rare de voir à l’écran ces dynamiques qui ressemblent aux nôtres, ces amitiés et ces histoires d’amour douces et drôles. Je suis aussi super impressionnée par la façon très habile qu’a le film de mêler la théorie lesbienne à son récit romantique. C’est un bonbon qui me donne beaucoup de joie et d’émotions. »

Son Instagram : @mirionmalle