« Mika Ex Machina » de Deborah Saïag et Mika Tard : une enquête vrombissante

[CRITIQUE] Scénaristes, productrices et réalisatrices, le duo Mika Tard et Déborah Saïag réalise avec l’inquiétant et loufoque « Mika Ex Machina », leur deuxième long métrage après « Foon » en 2005.


mika ex machina
© Pyramide Distribution

Qu’est-ce qui se passe avec la moto de Mika Tard? C’est l’histoire vraie et pas banale de la réalisatrice qui, depuis plusieurs mois, retrouve des bouts de tissus rouges, des pièces de monnaie ou même des antivols sur sa bécane. Etrange. Et même dangereux quand cette fois, la fois de trop, c’est un cadenas qui a été accroché à la chaine du moteur risquant de provoquer un grave accident… Avec Déborah Saïag et leur bande d’ami·e·s, elles décident alors de mener l’enquête.

Situations cocasses, discussions à n’en plus finir qui frôlent le complotisme amoureux, religieux ou politique, caméra embarquée pour film de potes qui se prennent pour Le Bureau des légendes : Mika Ex Machina est drôle. Tout autant qu’il inquiète, car la question se pose quand même : qui pourrait vouloir du mal à cette femme?

Et c’est en se baladant en creux dans cette abime de réflexion que cette comédie aux faux airs de légèreté s’aggrave. En poussant la porte du « et si », le film explore aussi bien les angoisses et les traumatismes de la réalisatrice que les relents homophobes, misogynes et individualistes d’une société qui invite aussi bien au romanesque qu’à la paranoïa. Voire les deux en même temps. Reste une lame de fond, puissante et inarrêtable, qui est au cœur du film, et déjà même de Foon, celle du collectif, puissant pare-feu à la violence du monde et de soi-même.

: Mika Ex Machina de Deborah Saïag et Mika Tard (Pyramide Distribution, 1 h 35), sortie le 1er janvier