
Dans Portrait de Maria Callas (1968) de Werner Schroeter
Muse du cinéaste allemand, La Callas apparaît dans ses premiers courts métrages, d’abord sous forme de collage, comme dans ce film de 1968 où son image surgit accompagnée de la musique d’opéra de Verdi, puis de Bellini. Une étrange valse photographique qui ressasse les mêmes images en boucle, alternant gros plan de la diva sur scène et dans la vie, jusqu’à l’épuisement.
Dans Mona Lisa (1968) de Werner Schroeter
Autre court métrage de Werner Schroeter consacré à Maria Callas, Mona Lisa reprend le système du film précédent, alternant les plans fixe de la cantatrice avec ceux, très furtifs, de La Joconde de Léonard de Vinci. La musique est hachée et le système se répète encore à l’infini, tirant vers l’abstraction, comme pour montrer que La Callas n’est plus qu’une image, une image obsédante qui tourne en boucle, en boucle, en boucle. En creux, le film questionne alors son statut d’icône, d’idole – la cantatrice n’est plus seulement une voix, mais une figure de papier, de pellicule, immortalisée par le cinéma.

Dans Maria Callas Singt 1957 Rezitativ und Arie der Elvira aus Ernani 1844 von Giuseppe Verdi, (1968) de Werner Schroeter
Poussant toujours plus loin son adoration pour la chanteuse, le cinéaste réalise avec ce film un double portrait, à la fois autoportrait intime – de nombreux plans sur son visage et son sexe ponctuent le récit – et portrait enflammé de La Callas. Le réalisateur se filme sous toutes ses coutures, entouré d’images de la cantatrice, avec en fond, l’Ernani de Verdi. D’un mouvement répétitif sur l’image de la chanteuse elle-même montrée dans les deux autres court métrages, Schroeter revient cette fois-ci à lui et expose la nature même des films précédents : son obsession démesurée pour La Callas. La boucle est bouclée.
Dans Médée de Pier Paolo Pasolini
L’unique grand rôle de la chanteuse au cinéma sera celui de la prêtresse Médée, portée à l’écran par l’écrivain et réalisateur italien de génie, Pier Paolo Pasolini. Avec ce personnage, le cinéaste invoque le mythe des Argonautes, dans lequel la magicienne Médée subtilise la Toison d’Or pour son grand amour Jason, avant qu’il ne la trahisse. L’interprétation de La Callas transcende la caricature du mythe pour donner à son personnage de meurtrière manipulatrice, une humanité profonde. Une grande histoire tragique à la hauteur du prestige acquis par la cantatrice au cours de sa carrière, que La Callas avait déjà incarné sur scène en 1953, dans la Médée de Luigi Cherubini. Si le film n’est pas un succès commercial, il reste un document rare de La Callas sur grand écran, qui meurt quelques années plus tard, sans avoir pu tourner à nouveau.