Après deux beaux premiers longs métrages fauchés qui ont fait d’eux des figures du cinéma indé new-yorkais, les frères Safdie ont réalisé ce conte noir empreint d’une certaine tendresse. Le film est visible en ce moment sur Mubi.
À des degrés différents, The Pleasure of Being Robbed (2009) de Josh Safdie et Lenny and the Kids (2010), coréalisé avec son frère Benny, étaient nourris d’éléments de l’histoire personnelle des deux frangins. C’est une autre affaire que ce Mad Love in New York, cette fois éloigné de leur propre expérience, puisque le film illustre le parcours chaotique et romancé d’Arielle Holmes, l’actrice qui interprète l’héroïne, Harley. Cela ne les empêche pas de traiter les déboires de la jeune fille, SDF toxicomane vivant une passion destructrice avec le vénéneux Ilya (le spectral Caleb Landry Jones), avec la même intention d’adoucir les angles que dans leurs premiers portraits de marginaux.
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Cette volonté passe ici par des procédés de mise à distance, comme la suppression des sons in dans le générique d’ouverture, pour ne pas faire entendre l’esclandre que provoque Harley quand elle se frite avec tout le monde aux urgences où elle a été admise après s’être ouvert les veines, ou encore le recours à une caméra non pas à l’épaule mais sur pied qui procède par longues focales et doux panoramiques pour approcher la communauté de sans-abri dans laquelle évolue l’héroïne. Quand certaines scènes apparaissent dans leur violence crue, difficile de les qualifier de réalistes tant elles semblent gonflées d’un romantisme adolescent, sombre et affecté. C’est d’ailleurs le meilleur moyen d’apprécier ce portrait plein de crasse et de larmes : en épousant la vision emphatique et cotonneuse de cette junkie malade d’amour.
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Image : © RADiUS-TWC