Liz et l’oiseau bleu

Après Silent Voice, la réalisatrice japonaise Naoko Yamada suit les pas d’une lycéenne complexée par sa timidité dans Liz et l’Oiseau bleu, dont la finesse du trait sublime la moindre envolée. Au même titre que Silent Voice (2018), le nouveau film de Naoko Yamada prend place au sein d’un cadre scolaire où des figures d’adolescentes


Après Silent Voice, la réalisatrice japonaise Naoko Yamada suit les pas d’une lycéenne complexée par sa timidité dans Liz et l’Oiseau bleu, dont la finesse du trait sublime la moindre envolée.

Au même titre que Silent Voice (2018), le nouveau film de Naoko Yamada prend place au sein d’un cadre scolaire où des figures d’adolescentes chétives errent à l’intérieur d’établissements désertiques. Liz et l’Oiseau bleu prend pourtant le contrepied des ambitions romanesques de Silent Voice pour ne capter qu’une période réduite de la vie de Mizore, une jeune lycéenne introvertie qui joue du hautbois (le film est un spin-off de Sound! Euphonium, série japonaise à succès qui narre le quotidien des membres d’un club de musique). Aux côtés de Nozomi, une flûtiste qu’elle admire intensément, Mizore découvre le conte illustré Liz et l’Oiseau bleu, qui voit deux jeunes filles nouer une profonde amitié avant que l’une d’elles – auparavant un oiseau – ne finisse par voler de ses propres ailes. Mizore voit dans ce récit chatoyant le reflet merveilleux de sa propre relation avec Nozomi, qui menace de s’achever à mesure que la fin du lycée approche.

L’espace comme prison puis ouverture

La trajectoire typique du film d’apprentissage est ici finement doublée d’une évolution dans l’appréhension de l’espace, Yamada jouant avec les possibilités plastiques de l’animation autant qu’avec l’enchâssement d’une fiction dans une autre. Les vitres du lycée, après avoir symbolisé les barreaux de la prison mentale de Mizore, deviennent par exemple synonymes d’une ouverture salvatrice sur le monde au cours d’une belle séquence musicale; la profondeur de champ, d’abord très réduite, donne quant à elle l’impression que les personnages font du surplace avant de s’élargir peu à peu pour accompagner ses figures vers l’extérieur. Après avoir souligné l’absence de perspective dans la vie de Mizore, qui ne parvient pas à remplir la fiche d’orientation qu’on lui remet, ces belles idées de mise en scène viennent ainsi ouvrir le champ des possibles pour cette adulte en devenir. Le conte Liz et l’Oiseau bleu aura fini par faire comprendre à la jeune Mizore qu’elle était elle-même cet oiseau emprisonné, prêt à s’envoler.

Liz et l’oiseau bleu de Naoko Yamada Eurozoom, Eurozoom (1h29). Sortie le 17 avril