Dans un récit aussi drôle que poignant livré à Variety, l’interprète Sharon Choi s’est confiée sur cette année de folie durant laquelle elle a accompagné Bong Joon Ho, acclamé mondialement pour son film Parasite.
Ils travaillent dans l’ombre, à l’abris des projecteurs, et on les oublie facilement. Mais sans eux, la saison des récompenses et les interviews au long cours se feraient dans le chaos le plus total. On parle bien sûr des interprètes. Cette année, c’est sans doute Sharon Choi, traductrice de tous les discours de Bong Joon Ho – de sa Palme d’or raflée à Cannes en 2019 jusqu’à ses quatre Oscars, obtenus il y a quelques semaines -, qui a sans doute vécu l’aventure la plus dingue, entre Hollywood et les plus grands festivals européens. La jeune femme (qui a aussi travaillé avec le réalisateur Lee Chang Dong sur Burning) est non seulement bilingue, mai aussi dotée d’une plume agile. Pour Variety, elle est revenue sur 10 mois extrêmement intenses dans un récit poétique qu’on vous résume brièvement ici (et qu’on tente de traduire au mieux).
Son récit passionnant débute ainsi : « Pour la première fois depuis longtemps, il n’y a que le silence. Mes yeux sont encore gonflés par les adieux larmoyants qui ont ponctué cette nuit historique, clôturée par six trophées d’Oscar. Mais, étonnamment, pas de karaoké (…). Je suis allée sans trop réfléchir à la plage, espérant voir le soleil se lever – comme si la victoire cosmique de Parasite pouvait faire se lever le soleil de l’ouest. Mais au lieu de voir le soleil à l’horizon, j’ai observé la lune se faner dans les coups de pinceaux gris laissés par la pluie de la nuit précédente (…) Après tout, Parasite est un film de pluie. »
Au cours de ce témoignage à la fois mélancolique et très drôle (« Quelques moments isolés étaient encore empreints d’absurdité, comme celui de devoir partager des désinfectants pour mains avec un homme dont j’avais organisé les soirées cinéma à l’université »), qui prendrait presque la forme d’un récit initiatique, on apprend que le succès unanime et planétaire de Parasite a aussi été l’occasion pour Sharon Choi de réconcilier en elle deux identités : « C’était émouvant de voir un film sur mon pays d’origine toucher des gens de tant de cultures différentes. Les deux années que j’ai passées aux États-Unis quand j’étais enfant m’ont transformée en un être étrangement hybride – trop coréen pour être américain, trop américain pour être coréen (…). Et pourtant, voici cette histoire qui semble avoir franchi sans effort toutes les barrières. » On y croise aussi Phoebe Waller-Bridge, à qui la traductrice a exprimé son désir d’avoir un prêtre sexy pour Noël (les initiés comprendront la référence au magnifique personnage d’Andrew Scott), et Céline Sciamma, avec qui elle a mangé un Taco Bell à 4 heures du mat’ en parlant de l’amour et de la vulnérabilité. Tour ça vous a donné des envies de reconversion professionnelles ? Nous aussi.
À LIRE AUSSI >> Notre critique de Parasite