Ce vendredi, mk2 Curiosity vous propose de passer la soirée en compagnie de requins en offrant gratuitement ce documentaire de 2008. Une plongée en eaux profondes pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes, et bien saisir que l’humain est le prédateur du requin, et non l’inverse.
Mise à jour le 03/06/ 2020. Ce film n’est désormais plus accessible. Découvrez les films offerts sur mk2 Curiosity en cliquant ici
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À l’âge de 9 ans, le réalisateur Rob Stewart tombe nez à nez avec un requin qui fuit aussitôt. De cette première rencontre déterminante naît une passion qui lʼamènera à dédier sa vie à la défense de ces animaux, de la biodiversité et de lʼécosystème, contre leur pire prédateur : lʼhomme. Dans Les Seigneurs de la mer, proposé cette semaine par mk2 Curiosity, Stewart et un groupe dʼactivistes emmenés par Paul Watson nous embarquent dans leur combat, entre les mers du Costa-Rica, du Guatemala et des Galapagos.
De son passé de photographe sous-marin, le jeune réalisateur (qui avait 29 ans au moment de faire le film, et a trouvé la mort en 2017 lors d’une plongée sous-marine pour le tournage de la « suite », Sharkwater Extinction), a conservé une exigence esthétique qui sert au mieux ce manifeste écologique. Entre deux courses-poursuites avec la mafia taïwanaise ou les garde-côtes costaricains, Rob Stewart nous montre des images dont la beauté calme tranche avec l’image communément partagée du requin tueur.
Le film s’ouvre sur un discours de mise en garde contre l’extinction d’une espèce animale mal-aimée (dont le réalisateur nous parlait en 2008 en vidéo et dans un « 3 questions » à retrouver ci-dessous). Captivé par cet homme qui plonge en palmes et tuba au milieu d’un banc de requins marteaux, le spectateur se fait doucement promener au fil des plongées. Puis Rob Stewart nous fait violemment sortir la tête de l’eau : qu’on ne s’y trompe pas, Les Seigneurs de la mer est un film sur les hommes. Un vieux loup de mer marxiste et dissident de Greenpeace, un président costaricain corrompu, des mafias asiatiques intimidantes… voilà la faune haute en couleurs qui gravite autour d’une bombe à retardement écologique.
Dans la veine d’autres documentaires à thèse, Les Seigneurs de la mer n’hésite pas à tirer de grosses ficelles rhétoriques. Mais c’est pour mieux exprimer l’urgence sincère qui a animé Rob Stewart pendant quatre ans d’enquête.
3 QUESTIONS À ROB STEWART (par Étienne Rouillon, en 2008)
Pourquoi les requins sont-ils plus menacés que jamais aujourd’hui ?
Il y a une forte demande d’ailerons de requin en Asie pour un plat de luxe appelé « soupe de requin ». L’aileron, symbole de prospérité, a un goût insipide et ne sert qu’à donner de la consistance à une soupe au bœuf. Cette soupe existe depuis des siècles mais elle est devenue très prisée depuis vingt ans. Les pêcheurs sortent les requins de l’eau, ne coupent que les nageoires et rejettent les corps dans l’océan où les requins meurent, vidés de leur sang. C’est comme tuer un éléphant pour son ivoire. Nous tuons ainsi 70 millions de requins chaque année. Il y a 90 % de requins de moins qu’il y a trente ans. Les requins ne sont pas protégés car le public ne sait pas qu’ils sont pêchés, mais aussi parce que les gens perçoivent les requins comme des prédateurs. En un an, les crocodiles ont tué autant d’hommes que les requins en 100 ans. Le crocodile est protégé, le requin non.
Pourquoi les hommes sont-ils menacés à leur tour par cette disparition ?
70 % de l’oxygène que nous respirons vient de la vie océanique, c’est-à-dire de la chaîne alimentaire régie par les requins. Ils façonnaient déjà l’écosystème il y a 400 millions d’années. Les squales maintiennent l’écosystème qui nous permet de respirer. Si nous perdons les requins, nous perdons notre arrivée d’oxygène.
Au fil de votre enquête, pourquoi vous être éloigné des fonds marins pour rejoindre les villes ?
Au départ, je voulais faire un beau film sur les requins, sans hommes. Mais nous avons découvert que le Costa Rica est corrompu par des mafias asiatiques trafiquant des ailerons de requins à l’échelle industrielle. Les requins les plus redoutables ne se trouvent pas au fond des océans.
Image de couverture : © mk2 Films