Dans une villa chic de la Côte d’Azur, une grappe de privilégiés bulle en famille. Mais alors que chacun affiche un large sourire, la paix des ménages ne tarde pas à voler en éclats sous la tension d’intrigues d’une hilarante cruauté. Valeria Bruni Tedeschi interprète ici Anna, une cinéaste déboussolée par sa séparation d’avec Luca (Riccardo Scamarcio), alter ego de Louis Garrel (avec lequel Bruni Tedeschi entretint une relation amoureuse dans la vraie vie). La réussite du film se niche d’abord dans le traitement de cette rupture, que valide sans cesse la dissymétrie des façades. Car tandis que Luca reste impassible, le visage d’Anna ruisselle d’une pluie d’affects contradictoires, incapable de contenir les orages et les éclaircies de sa météo intérieure. On pense alors à la Juliette Binoche d’Un beau soleil intérieur (Claire Denis, 2017), œuvre dévolue au climat d’un visage filmé comme un paysage versatile. Et pour qui aime les acteurs, le film sera d’autant plus jouissif qu’il redouble le pugilat d’Anna/Valeria d’un autre jeu de massacre, au sein de familles que l’on adore détester : celle du cinéma français, de la grande bourgeoisie, des Parisiens, et bien sûr des Sarkozy-Bruni (Valeria Golino et Pierre Arditi, très drôles). Dans le genre des films d’acteurs, c’est dire si cette ode à l’autodérision tombe à pic, un mois après Louis Garrel et son vaudeville ectoplasmique, L’Homme fidèle (lire la critique ici).
: de Valeria Bruni Tedeschi
Ad Vitam (2h08)
Sortie le 30 janvier