« Les Contes de Kokkola » : après « Compartiment N°6 », le retour poétique de Juho Kuosmanen

Mondialement révélé par Compartiment N°6 (2021) et son Grand prix remporté à Cannes, le Finlandais Juho Kuosmanen revient sur grand écran, avec trois films tournés à domicile, à la manière des pionniers du septième art, où l’humour le dispute à la pure mélancolie.


Les Contes de Kokkola
Les Contes de Kokkola de Juho Kuosmanen

La mélancolie, voilà sans doute ce qui caractérise Juho Kuosmanen. La pure, la vraie, de celle qui justifierait tout un film ; il l’a fait en 2021 avec Compartiment N°6, le temps d’un voyage en train comme un remède au présent et à ses désillusions.

Un film tout droit sorti d’un rêve, au moins autant que ces trois « contes » dont nous gratifie cette fois le cinéaste, tournés à même la ville où il est né : Kokkola. Entre 2012 et 2023, Kuosmanen y aura imaginé trois courts métrages en pellicule, muets, tous revisités d’un point de vue sonore par un bruiteur.

Trois fables aussi déjantées que Kokkola – havre finlandais situé sur le golfe de Botnie – semble figé. À ceci près que ses visages ne s’oublient pas ; ceux de Seppo Mattila dans le premier, de Jaana Paananen dans le deuxième puis le troisième films évoquent les plus grands acteurs du muet.

Directement dénichés à Kokkola, ils incarnent des versions d’eux-mêmes – ainsi Seppo Mattila dans le premier conte – comme d’une Finlande pas si tranquille, traversée par des histoires d’exil et de précarité : on y croise un vieil homme privé de sa maison, des marchands d’alcool contraints à la clandestinité, etc., dans un mélange d’humour et de compassion que n’aurait pas renié Charlie Chaplin.

Des histoires d’hier et d’aujourd’hui, intemporelles en soi. Intemporelles en ce qu’elles reviennent au cinéma dans ce qu’il a de plus élémentaire, de plus dénudé. Juho Kuosmanen y reste fidèle dans ses longs métrages, dont la simplicité a quelque chose de désarmant ; voilà sans doute ce qui, paradoxalement, les rend si vertigineux.

: Les Contes de Kokkola de Juho Kuosmanen (Le Pacte, 1h01), sortie le 26 mars