« Le Rayon vert » d’Éric Rohmer

Avec « Le Rayon Vert », Rohmer célèbre les doutes et les victoires quotidiennes d’une héroïne déterminée à devenir qui elle est.


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« Ah ! que le temps vienne / Où les cœurs s’éprennent » : ce sont ces vers joueurs qui fondent le récit du Rayon Vert, cinquième film de la série Comédies et proverbes, cycle féminin dans lequel Rohmer examine, après les hésitations amoureuses et les occasions ratées des contes moraux, la ténacité de ses héroïnes face à la vie. Le jour où ses projets de vacances s’écroulent, Delphine décide de se laisser porter, au gré du hasard, entre Paris la Normandie et Biarritz, par des vacances qui se transforment en errance psychologique. Sur son chemin, elle fait des rencontres qui pourraient la sortir de cette solitude, mais Delphine est une éternelle romantique, qui croit en l’amour et pressent qu’elle doit rester fidèle à elle-même…

Dans ce récit initiatique tourné en 16mm avec un petit budget et une équipe réduite, Rohmer renoue avec ce qui l’a toujours attiré dans la Nouvelle Vague : improvisation des acteurs, décors naturalistes, dérive introspective d’un personnage livré aux écrans de son monde romanesque et à la torpeur étouffante de l’été. À travers des plans-séquences qui enregistrent le quotidien pour cerner les états d’âmes, Rohmer n’a jamais aussi bien célébré la détermination de son héroïne, qui porte jusqu’au bout ses idéaux, envers et contre tous. Au passage, il se permet aussi de bousculer les normes de distribution en diffusant le film sur Canal+ trois jours avant sa sortie en salles.

Image: Copyright Les Films du Losange