Virage intimiste pour James Gray, qui va réaliser Armageddon Time, un long-métrage inspiré de sa jeunesse – mais dont les personnages seront Donald Trump et son père dans les années 1980.
Alors que son premier film de SF, Ad Astra, est sorti ce mercredi dans les salles françaises, plus rien n’arrête James Gray. Une fois qu’il aura mis en scène l’opéra Les Noces de Figaro au Théâtre des Champs- Élysées pour six représentations en novembre et décembre, il se consacrera à un projet plus personnel et inattendu. Variety parlait déjà il y a quelques mois d’Armageddon Time, son prochain projet, un film sur son enfance et son adolescence dans le Queens dans les années 1980 – qui aurait pour protagoniste Fred Trump, promoteur immobilier originaire du Queens lui aussi, et père de Donald Trump.
Une info confirmée par le réalisateur lui-même cette semaine dans une interview donnée aux Inrockuptibles : « Le titre vient d’une chanson des Clash, ce sera un film très personnel. Je suis en plein milieu de l’écriture en ce moment. J’espère commencer le tournage juste après l’opéra, mais je doute que cela se passe de façon aussi fluide. Il y sera effectivement question de la famille Trump, père et fils. Ce sera un film politique, dans le sens où il explorera les raisons qui ont amené les Etats-Unis dans la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Le film s’inspire de mon adolescence dans le Queens new-yorkais des années 1980, quartier où le père de Donald, Fred, réalisait une bonne partie de ses placements immobiliers. Il se déroulera dans une école privée où la place accordée à la religion, à la couleur de peau et à l’origine sociale était radicalement différente de l’école publique que je fréquentais par le passé. Comme je l’ai dit l’an dernier, Trump est pour moi un imbécile dangereux. C’est aussi ma responsabilité en tant qu’artiste de m’intéresser à la société qui a permis à un tel homme d’arriver à la tête du plus puissant Etat du monde. »
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Impossible d’en dire plus pour l’instant, mais à bien regarder la filmographie de James Gray, parsemée d’allusions à son propre parcours, on devine un peu de quoi il sera question. Dans Little Odessa, il s’inspirait déjà de l’histoire de sa famille juive et russe immigrée pour raconter l’histoire d’un jeune tueur à gages désillusionné et contraint de retourner dans sa communauté après en avoir été exclu. Une obsession pour la violence et la corruption qui continueront plus tard d’irriguer The Yards (2000) et La Nuit nous appartient (2007), des films noirs habités par des problématiques très personnelles. A moins qu’Armageddon Time ne soit un hommage aux réalisateurs européens qu’il chérit tant, comme Bresson, Fellini et Dreyer…
Photo d’ouverture: Copyright Wild Bunch Distribution