Considéré par beaucoup comme le plus grand réalisateur du cinéma, Alfred Hitchcock reste encore un mystère. France Culture nous aide à y voir plus clair.
D’après une étude menée par deux chercheurs de l’université de Turin en 2018, Alfred Hitchcock serait le réalisateur dont le travail a le plus influencé l’histoire du 7e art devant Steven Spielberg et Brian De Palma. Difficile de ne pas être d’accord tant il a inventé sa propre façon de faire du cinéma. Le cinéaste anglais a aussi bien créé de nouvelles techniques (le travelling compensé pour donner une impression de vertige dans Sueurs Froides) que théorisé et popularisé une forme de narration (le suspens) ou importé ses marottes (les blondes hitchcockiennes, les meurtres, la peur…).
Pourtant, Hitchcock n’a pas toujours été considéré comme un grand maître du cinéma (« l’un des plus grands inventeurs de formes de toute l’histoire du cinéma » pour Éric Rohmer et Claude Chabrol) mais plutôt comme un artisan jamais récompensé par un Oscar du meilleur réalisateur. La reconnaissance unanime n’est venue qu’après. La semaine dernière, « La Compagnie des œuvres » (France Culture) a consacré quatre émissions pour retracer son immense carrière. « Icône du mystère », la première des quatre, est revenue sur sa vie, de son enfance à sa mort en 1980, en compagnie de François Rivière, auteur du livre Epitaphe pour Alfred Hitchcock (par en 2018 chez Payot).
Et on comprend vite l’obsession du cinéaste britannique pour les meurtres, lui qui est né en 1899 dans un quartier malfamé de Londres. « Les Anglais depuis plusieurs siècles collectionnent les procès célèbres de criminels qui ont défrayé la chronique. Régulièrement, le tribunal Old Bailey voit s’entasser un public qui dévore du regard des gens qui ont commis des choses épouvantables. Hitchcock étaient de ces gens qui allaient assister à des procès », raconte François Rivière. On apprend aussi la fascination du réalisateur de Psychose pour James Matthew Barry, créateur du personnage de Peter Pan dans The Little White Bird (1911), l’importance de sa mère dans son cinéma mais aussi pourquoi il y a tant de volatiles inquiétants dans ses films (et pas que dans Les Oiseaux) : son père était marchand de volailles.
Moqué pour son surpoids lors de son enfance très solitaire, Alfred Hitchcock a aussi été marqué par son éducation catholique dans un pays protestant : « Son éducation chez les Jésuites a été assez douloureuse pour lui. Le catholicisme lui a laissé des traces, au point que Claude Chabrol et Éric Rohmer, qui ont écrit le premier livre sur Hitchcock, parlaient de lui comme d’un cinéaste catholique. Et il est vrai que l’on retrouve des traces de la religion catholique dans le cinéma d’Hitchcock, mais plutôt dans le côté mystérieux, intrigant et inquiétant de la religion. »
La suite, on la connaît : des débuts derrière la caméra dans les années 1920, ses années hollywoodiennes dans les années 1940 et ses énormes succès des années 1950-1960 (Fenêtre sur cour, L’homme qui en savait trop…). Mais une piqûre de rappel à la sauce France Culture, ça ne fait jamais de mal !
Trois autres émissions ont suivi pour décortiquer le mythe : Hitchcock au travail (épisode 2), Les images insulaires de Hitchcock (on dirait des îles) (épisode 3) et Plus d’une corde à son arc ! (épisode 4).
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Image : Copyright Ciné Sorbonne