Le futur du cinéma… Le règne du cinéma d’animation

La frontière séparant films d’animation numériques et films en prise de vue réelle est sur le point d’être abolie. Jusqu’à présent, le cinéma de trucage hérité de Georges Méliès s’est développé en marge d’une tradition dite « réaliste », proche de la vision des frères Lumière, dans laquelle le réel laisserait son empreinte sur la pellicule. Ces


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La frontière séparant films d’animation numériques et films en prise de vue réelle est sur le point d’être abolie.

Jusqu’à présent, le cinéma de trucage hérité de Georges Méliès s’est développé en marge d’une tradition dite « réaliste », proche de la vision des frères Lumière, dans laquelle le réel laisserait son empreinte sur la pellicule. Ces deux histoires parallèles s’apprêtent à fusionner grâce aux progrès réalisés dans le domaine des effets spéciaux numériques. La différence entre le trucage et l’enregistrement de la réalité, entre le cinéma d’animation et celui en prise de vue réelle, devient effectivement de moins en moins perceptible.

Osons la prospection : dans les années à venir, il sera impossible de reconnaître une image composée sur ordinateur d’une prise de vue capturée dans des conditions réelles. La sortie récente du Roi lion de Jon Favreau, outre la confusion entre animation et remake live action suscitée par le photoréalisme du film, l’a bien montré : seul le premier plan a été tourné en Afrique, sans différence notable. Si le reste des décors a été constitué sur ordinateur, le tournage n’a pour autant pas été exclu de l’équation. Le chef opérateur et ses assistants ont tenu la caméra comme dans n’importe quel autre film, mais celle-ci, plutôt que de filer dans la savane à la poursuite d’un lionceau en chair et en os, déambulait au sein d’un espace numérique en réalité virtuelle, comme dans un jeu en VR.

Pour donner toujours plus de liberté à la création, ces nouvelles modalités de tournage offrent une profondeur inédite aux films d’animation, que les cinéastes peuvent investir et ajuster à leurs désirs au même titre (si ce n’est plus) que lors d’un tournage avec des acteurs et des décors véritables. Pierre Buffin, cofondateur de la société superstar mondiale des effets spéciaux Buf Compagnie (à l’origine notamment de l’effet bullet time de Matrix), confirmait dans une interview pour la revue Usbek & Rica: « Bientôt, on n’aura plus besoin de tourner. On fera de la saisie. Les acteurs viendront sur une scène de théâtre. Tout sera capté, et, à partir de ces données, on changera les mouvements de caméra, la lumière. On enverra des binômes pour capter des paysages, des cathédrales. »

Si cette jonction entre cinéma d’animation et prise de vue réelle marque un changement radical dans notre rapport aux images, remettant sur le tapis la question de la vérité et de la crédulité (images réelles, virtuelles, ou bien les deux ?), elle nous permet avant tout de revenir à une définition originelle du septième art comme la simple projection d’images animées, quel que soit leur mode de création. Avis donc aux cinéastes en devenir : le cinéma de demain sera plus animé que jamais.

Illustration : The_Real_Theory