Le futur du cinéma… Des films dont vous êtes le héros

Dans un rapprochement de plus en plus net avec le jeu vidéo, le cinéma tend vers plus d’interactions entre le spectateur et l’œuvre projetée. Fin 2018, l’épisode Bandersnatch de la série dystopique Black Mirror sort sur Netflix. Pouvant s’étaler sur cinq heures, il propose une narration interactive sur un ado brillant qui veut adapter un


zjc1mwqymgetmdi0yi00ntyylwiwyzitzwqzzme3ytzkyjgz ouverture 1

Dans un rapprochement de plus en plus net avec le jeu vidéo, le cinéma tend vers plus d’interactions entre le spectateur et l’œuvre projetée.

Fin 2018, l’épisode Bandersnatch de la série dystopique Black Mirror sort sur Netflix. Pouvant s’étaler sur cinq heures, il propose une narration interactive sur un ado brillant qui veut adapter un « livre dont vous êtes le héros » en jeu vidéo. Sur son écran, le spectateur se voit régulièrement proposer plusieurs options pouvant influencer le déroulement du récit-noyau (il lui suffit de cliquer sur celui de son choix) : Stefan devrait-il manger des céréales Frosties ou Sugar Puffs ? prendre son médicament ou le jeter dans les toilettes ?

S’il tourne vite en rond, l’exercice, qui s’inscrit dans la lignée de la littérature d’anticipation (George Orwell, Aldous Huxley…), est intéressant parce qu’il bouleverse l’un des rares éléments qui n’a pas changé d’un pouce depuis l’invention du cinématographe : la passivité du spectateur, assis immobile face à l’écran. Dans la même idée, plusieurs webdocumentaires et fictions interactives ont émergé ces dernières années sur la Toile.

Citons l’exemple français Wei Or Die (2015) de Simon Bouisson, une fiction captivante qui invite l’internaute à faire sa propre enquête sur le meurtre d’un lycéen. Les images filmées sur smartphones, appareils photos ou caméras de surveillance avant le meurtre sont disposées sur une timeline qui affiche tout en temps réel. On peut ainsi laisser classiquement filer le film sur 45 minutes ou prendre l’enquête à bras-le-corps en cliquant sur les images de nos choix afin de reconstituer l’histoire.

Jusqu’ici cantonnées à la sphère domestique et à un usage individuel, ces expériences interactives atteindront bientôt les salles de cinéma. «S’il y a une vraie tendance à suivre, c’est ça», prédit Nathanaël Karmitz, directeur général de mk2, société éditrice de TROISCOULEURS. «Les studios américains misent beaucoup sur une nouvelle technologie, développée par la société suisse CtrlMovie.»

Le Français Alexandre Aja (Piranha 3D, 2010) l’utilisera par exemple pour un film, produit par Steven Spielberg, qui nous fera évoluer dans une maison hantée. Les spectateurs seront invités à télécharger sur leur téléphone une application qui enregistrera leurs votes pour guider en direct, pendant la séance, les personnages. L’expérience rappelle celle de Francis Ford Coppola pour son projet Distant Vision, un film en live cinema (tourné, monté et diffusé en direct) sur lequel il a travaillé entre 2015 et 2016.

Interrogé en mars dernier par le magazine Rolling Stones à propos du cinéma de demain, le réalisateur du Parrain s’est vanté de pouvoir lire l’avenir avant d’évoquer son livre, Live Cinema and Its Technique, issu de cette expérience résolument hybride. Mais pour imaginer à quoi ressemblera l’expérience du spectateur de demain, on peut aussi s’inspirer des films de science-fiction. Et si, comme le héros de Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve, 2017) qui fait apparaître l’hologramme de la femme de ses rêves dans son salon pour interagir avec elle, l’avenir nous permettait de convoquer les personnages d’un film pour les voir jouer une scène où bon nous semble ? On pourrait ainsi interagir avec nos idoles en cuisinant un pot-au-feu.

Image : The_Real_Theory