Le film de la semaine: « Midsommar » d’Ari Aster

Un couple états-unien en crise et leurs amis sont conviés à une célébration païenne qui n’a lieu qu’une fois tous les quatre-vingt-dix ans dans un village suédois reculé… Après le stupéfiant Hérédité, Ari Aster confirme son statut de nouveau maître de l’horreur avec ce film en transe qui installe le mal au cœur de la


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Un couple états-unien en crise et leurs amis sont conviés à une célébration païenne qui n’a lieu qu’une fois tous les quatre-vingt-dix ans dans un village suédois reculé… Après le stupéfiant Hérédité, Ari Aster confirme son statut de nouveau maître de l’horreur avec ce film en transe qui installe le mal au cœur de la plus parfaite harmonie – et nous prend par surprise en explorant d’un ton grinçant la violence qui consiste à exotiser des cultures différentes.

Un tableau idyllique. De gentils touristes américains curieux de découvrir les traditions anciennes de la Suède. Une communauté aux habits éclatants qui les accueille chaleureusement dans un paysage lumineux et fleuri. Des cérémonies panthéistes qui prêchent la communion entre l’humain et les émanations de la nature. C’est effrayant. Avant tout parce que Dani (Florence Pugh et son étrange sourire à l’envers) se sent gênante. Elle est venue ici chercher un refuge émotionnel après la mort soudaine de toute sa famille. Mais, avant même leur départ, son copain Christian (Jack Reynor), peu attentionné, et ses acolytes lui font comprendre qu’elle est en trop dans leur boys club. Et, une fois en Suède, face à la tribu Hårga (une peuplade fictive du nord de la Suède) très démonstrative dans la bienveillance, Dani sent bien que celle-ci prépare un rituel pas net. Ce sentiment de ne pas être la bienvenue l’isole et la sauve en même temps. Contrairement à elle, ses compagnons de route n’ont pas l’air de comprendre qu’ils sont si bien accueillis parce qu’ils sont des proies. Pourtant, la mise en scène d’Ari Aster, en apparence chatoyante et délicate, avec très peu d’ombre, ne cesse de les prévenir à coups de silhouettes bizarroïdes qui menacent à l’arrière-plan, de fresques de mauvais augure, de fleurs colorées vénéneuses, d’architecture insensée, de surexpositions qui brûlent la rétine…

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La séquence en focalisation interne dans laquelle Dani prend des champignons hallucinogènes l’indique : la fête va tourner au mauvais trip, et les danses rituelles vont se faire mortifères. On pense aux Maîtres fous de Jean Rouch (1957), documentaire figurant la transe collective d’une tribu d’immigrés nigériens installés à Acra au Ghana dont on ne sait trop si elle est un rituel de sorcellerie ou bien une représentation parodiant les colonisateurs britanniques. Avec leurs manières outrecuidantes (un des Américains pisse sur un tronc sacré, l’autre photographie un livre interdit et pose des questions incommodantes sur la prétendue pratique de l’inceste au sein de la communauté), c’est comme si ces dudes venus pour satisfaire leur curiosité anthropologique condescendante s’étaient pris au piège de traditions plus ambiguës qu’ils ne le pensaient. C’est tout l’art d’Ari Aster d’aller débusquer l’ombre sous le soleil rasant, là où elle semblait de prime abord s’être éclipsée.

Midsommar d’Ari Aster, Metropolitan FilmExport (2h27), sortie le 31 juillet
Image: Copyright Gabor Kotschy A24