« Le feu sacré » d’Éric Guéret : un docu âpre sur la lutte syndicale

Ce documentaire épique et palpitant suit le combat des salariés d’une aciérie du nord de la France pour sauver leur usine de la fermeture. Ils estiment tout lui devoir. Elle leur a permis d’acheter une maison, de fonder une famille. Quand les ouvriers de l’aciérie Ascoval apprennent que le groupe auquel elle appartient souhaite stopper


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Ce documentaire épique et palpitant suit le combat des salariés d’une aciérie du nord de la France pour sauver leur usine de la fermeture.

Ils estiment tout lui devoir. Elle leur a permis d’acheter une maison, de fonder une famille. Quand les ouvriers de l’aciérie Ascoval apprennent que le groupe auquel elle appartient souhaite stopper son activité, tous sont absolument médusés. Sous les équipements de protection, les yeux sont mouillés et la révolte gronde. Mais le patron, Cédric Orban, lance un pari osé à ses salariés : une année de travail en autogestion, le temps de trouver un repreneur.

Ce n’est que le début de ce documentaire haletant, véritable thriller social qui fait passer ses héros et ses héroïnes par autant de moments d’euphorie que de désillusions. En immersion dans l’usine de Saint-Saulve, le réalisateur Éric Guéret suit le combat d’aussi près que possible, pour mieux vanter l’endurance et la combativité des équipes d’Ascoval. Chef opérateur de formation, il donne superbement corps à l’usine, qu’il montre tantôt à l’agonie, tantôt pleine d’étincelles, toujours consciente de ce qui se trame.

Le Feu sacré dépeint aussi l’âpreté de la lutte syndicale, cruciale mais si éprouvante pour ceux qui la mènent en première ligne. Menant des négociations avec doigté, composant avec la détresse et l’impatience de leurs camarades, ils sont au cœur d’un film tentant résolument d’être positif malgré la dureté du réel. Car Ascoval a beau être un modèle en matière de respect d’écologie responsable et de respect des circuits courts, cela ne l’empêche pas d’être mise en péril sur l’autel de la délocalisation. Avec passion, Le Feu sacré vient idéalement rappeler que l’industrie française, malgré la bonne santé de certains de ses éléments, sera toujours à surveiller comme le lait sur le feu.


3 QUESTIONS À ÉRIC GUERET

Comment votre approche très immersive se met-elle en place sur le tournage ? 

J’ai partagé le quotidien des ouvriers et vécu comme l’un des leurs. C’est pour cela que je travaille seul, de l’image au son en passant par le pilotage du drone. Même quand je ne filme pas, je ne pose jamais la caméra : elle fait partie de mon personnage.

Vous filmez l’aciérie comme un personnage à part entière.

Au début, c’était même le personnage principal. Je voulais la montrer comme un être vivant, car c’est comme ça que les aciéristes la considèrent. C’est un animal de conte fantastique, un dragon bruyant aux veines impressionnantes, qu’on nourrit de métal.

Pourquoi Le Feu sacré ressemble-t-il autant à une fiction ?

J’étais venu pour un plan social, je suis resté pour raconter une tentative de survie. Je travaille sur une intrigue principale et d’autres secondaires, comme en fiction. Même chose pour les personnages. On ne peut pas écrire un film comme celui-là avant de le tourner, mais le réel se débrouille bien…

Le Feu sacré d’Éric Guéret, New Story (1 h 33), sortie le 21 octobre

Images : Copyright Éric Guéret