Le court-métrage du goûter : « Tandis que j’agonise » de Claire Simon

Si on la connaît davantage pour ses documentaires sensibles, Claire Simon a d’abord signé d’impressionnantes fictions expérimentales, parmi lesquelles Tandis que j’agonise, intrigant court-métrage réalisé alors qu’elle n’avait que 25 ans. Avant de devenir la réalisatrice de géniaux documentaires (Récréations, sorti en 1998 ; Le Bois dont les rêves sont faits, sorti en 2015 ou


Si on la connaît davantage pour ses documentaires sensibles, Claire Simon a d’abord signé d’impressionnantes fictions expérimentales, parmi lesquelles Tandis que j’agonise, intrigant court-métrage réalisé alors qu’elle n’avait que 25 ans.

Avant de devenir la réalisatrice de géniaux documentaires (Récréations, sorti en 1998 ; Le Bois dont les rêves sont faits, sorti en 2015 ou le récent Premières solitudes, sorti en 2018), Claire Simon a signé plusieurs courts-métrages expérimentaux, dont Tandis que j’agonise (1980). L’étrange histoire d’une mère (jouée par une enfant) menant une enquête auprès d’un policier puis d’une voyante pour retrouver son fils ado et sa très jeune fille, tous deux disparus.

Pour ce film aux contours mystérieux, la cinéaste s’est librement inspirée du roman éponyme de William Faulkner, mais aussi de deux faits divers qui se sont déroulés en 1976 : l’affaire Patrick Henry, un criminel condamné pour avoir enlevé puis tué Philippe Bertrand, un enfant âgé de 7 ans, et l’affaire Patrick Ranucci, un homme accusé de l’enlèvement et du meurtre de Marie-Dolores Rambla, une petite fille de 8 ans. 

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À mi-chemin entre le fantastique, le film noir et le documentaire, cet audacieux court-métrage, qui n’est pas sans faire penser au cinéma à la fois glaçant et fascinant de Michael Haneke, pose une question passionnante : comment combler le vide d’une disparition par les images ? En mêlant l’expérience du cinéma à celle de la télévision, et en confrontant l’innocence de l’enfance à la cruauté de ces crimes commis par des adultes, Claire Simon s’intéresse aux fausses images que les individus et la société se créent par peur d’affronter cette image manquante. 

On pense à cette scène dans laquelle elle filme en plan fixe la petite fille disparue face à une multitude de postes de télévision. Sur ces images rectangulaires apparaît un reporter de journal télévisé qui, envoyé sur les lieux d’un crime, tente de recomposer l’histoire d’une très jeune victime en se rendant dans la maison dans laquelle celle-ci a grandi. Mais que valent ces séquences médiatiques balisées, ces marottes journalistiques, face à la puissance du réel, ici symbolisé par la présence fantomatique de la petite fille ? À travers cette fiction d’une surprenante maturité, celle qui était encore une réalisatrice débutante apporte une réponse toute singulière.